« Le milieu marin reste un vaste domaine encore loin d'avoir livré toutes ces richesses. Pourtant, si personne ne met en doute la biodiversité du monde de la mer, elle reste encore fort peu connue du fait des difficultés d'accès aux grandes profondeurs. En 1998, 6 000 bactéries marines seulement sur un nombre estimé entre 3 et 10 millions avaient été étudiées », souligne le Dr Dominique Hoareau, auteur du livre « les Thérapies marines » (Editions Dangles, 2002).
Les produits de la mer représentent une source importante de matières premières pour l'agroalimentaire, la cosmétique, la pharmacie et la thalassothérapie. C'est pour en débattre que s'est tenu au MEDEC le colloque « Mer et médecine : la santé nouvelle vague ? », sous le patronage du secrétaire d'Etat aux Transports et à la Mer, Dominique Bussereau.
« Pour l'instant, les chercheurs et les industriels se heurtent à plus de défis que de certitudes : problèmes de production à grande échelle de molécules issues d'organismes marins (récolte en grandes quantités impossible, élevage des espèces non réalisable), toxicité de certaines d'entre elles et synthèse chimique extrêmement difficile du fait de la complexité de ces nouvelles molécules », analyse le Dr Hoareau. Pour ce généraliste clinicien qui se dit passionné par la mer, « il faut faire en sorte que tous ces laboratoires dispersés viennent présenter leurs travaux ensemble ». L'occasion leur sera donnée par le premier symposium « Nutrition santé et mer : valorisation des produits de la mer », organisé les 23 et 24 septembre prochain à Granville, en association avec l'Ifremer*.
Les bienfaits du poisson
Outre les ressources thérapeutiques que peuvent apporter le monde marin, sa richesse permet également d'agir et d'améliorer la nutrition. « La santé se construit en grande partie pendant la vie ftale, rappelle le Dr Michel Odent, du Primal Health Research Center de Londres. Il faut encourager les femmes à manger du poisson même bien avant la conception. Il en veut pour preuve une étude danoise publiée en avril 2002 sur les habitudes alimentaires de 8 529 femmes enceintes classées en quatre groupes selon leur consommation de poissons de mer. Cette étude a corroboré les observations faites dans son institut sur des femmes enceintes que l'on a encouragées à consommer davantage de poissons de mer. Il a été observé une différence significative du nombre de naissances prématurées en fonction de la quantité de poissons de mer dans l'alimentation. Or, très souvent, la naissance prématurée est cause d'une plus forte morbidité infantile et de handicaps permanents.
De la même façon, beaucoup de choses se nouent pendant les premières années de la vie. « L'apport en acides gras insaturés est primordiale pour le développement neurologique des enfants », note le Dr Dominique Bouglé, pédiatre au CHU de Caen. Les propriétés nutritionnelles des produits de la mer agissent également sur l'asthme, pris comme modèle de pathologie inflammatoire, et sur l'obésité, problème émergent de santé publique.
* Renseignements : www. sante-mer.org.
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