EN ÉTUDIANT les substrats neuronaux de la mémoire du sevrage en opiacés, des chercheurs du Cnrs ont montré que les processus motivationnels liés à ce dernier jouent un rôle crucial dans la dépendance, pouvant expliquer la rechute chez les toxicomanes devenus abstinents.
L'addiction met en jeu des processus d'ordres motivationnels et émotionnels faisant intervenir l'apprentissage et la mémoire, d'où sa tendance chronique à la rechute. L'élaboration de stratégies de prise en charge des toxicomanes exige donc d'identifier les processus comportementaux et neurobiologiques à l'origine de cet état motivationnel.
Stimuli environnementaux.
Certaines observations cliniques ont conduit à penser que cet état motivationnel pouvait être notamment déclenché par des stimuli environnementaux exerçant leur influence lors de la consommation de drogue et/ou du sevrage, la mémoire de ces stimuli pouvant, à elle seule, induire le désir de revenir à la drogue.
L'équipe de Catherine Le Moine (Cnrs, université Bordeaux-II) ont donc étudié, chez le rat, les régions du cerveau impliquées dans cette mémoire. Pour cela, les chercheurs ont analysé, via l'expression d'un marqueur de réactivité neuronale - le gène c-fos -, les circuits neuronaux de rats rendus successivement morphinodépendants, sevrés, puis réexposés à l'environnement dans lequel ils avaient été sevrés. Leurs résultats, publiés dans « The Journal of Neuroscience », montrent que cette réexposition réactive une partie des circuits neuronaux qui avaient été recrutés par la mise en œuvre du sevrage.
Ces expériences ont, en outre, montré que la dopamine, qui contribue à l'attribution d'une valeur attractive à la drogue et aux stimuli environnementaux associés, intervient également dans la formation de la mémoire du sevrage et le rappel des informations apprises du fait de l'exposition répétée à ces facteurs environnementaux.
L'élaboration de modèles comportementaux appropriés devrait permettre de confirmer que les rechutes observées chez des individus abstinents sont imputables à ces processus.
Frénois F., Stinus L. Di Blasi F., Cador M. et Le Moine C. « Journal of Neuroscience », 9 février 2005.
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