L'usage des compléments alimentaires à base de mélatonine devrait être fortement déconseillé aux sujets asthmatiques. Une étude qui vient d'être publiée dans le « Journal of Allergy and Clinical Immunology » révèle en effet que, chez les asthmatiques, une concentration sanguine élevée de mélatonine est associée à des dysfonctionnements pulmonaires nocturnes importants.
Rand Sutherland et ses collègues (National Jewish Medical and Research Center) avaient précédemment mis en évidence que la mélatonine induisait le relargage de molécules promotrices des réactions inflammatoires.
Une proportion importante des asthmatiques ressentant des symptômes plus importants la nuit et l'inflammation des voies aériennes étant l'un des événements délétères à l'origine des difficultés respiratoires de ces malades, Sutherland et coll. ont émis l'hypothèse que l'augmentation de la sécrétion de mélatonine par l'hypophyse se produisant naturellement la nuit pouvait être à l'origine de l'aggravation nocturne des symptômes de l'asthme.
Difficultés respiratoires nocturnes
Afin de tester cette hypothèse, les chercheurs ont recruté 7 patients asthmatiques chez lesquels les difficultés respiratoires sont augmentées la nuit, 13 patients asthmatiques ne ressentant pas de modification nocturne de leurs symptômes et 11 sujets contrôles en bonne santé.
Ces patients ont dormi à l'hôpital pendant une semaine de manière à s'accoutumer au lieu. Au cours de la huitième nuit, durant leur sommeil, un échantillon de sang a été prélevé toutes les deux heures. La concentration en mélatonine de chacun de ces échantillons a ensuite été mesurée. Par ailleurs, la capacité pulmonaire des sujets a été évaluée juste avant qu'ils n'aillent se coucher, puis au moment de leur réveil.
Il est apparu que les patients asthmatiques souffrant d'une aggravation nocturne de leurs symptômes respiratoires ont une concentration moyenne de mélatonine dans le sang plus élevée que celle mesurée chez les autres sujets : elle atteint 67,5 pg/ml, alors qu'elle n'est que de 61,1 pg/ml chez les malades ne souffrant pas d'aggravation nocturne des symptômes et de 53,5 pg/ml chez les contrôles sains. En outre, le volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) des asthmatiques montrant une aggravation nocturne de leurs difficultés respiratoires chute en moyenne de 18,8 % entre leur coucher et leur réveil. En comparaison, le VEMS des autres asthmatiques ne diminue que de 5,1 % et celui des sujets sains augmente de 1,5 %.
Ces résultats suggèrent donc que, chez certains asthmatiques, un niveau de production de mélatonine naturellement élevé conduirait, via une inflammation des voies aériennes, à une augmentation des difficultés respiratoires au cours de la nuit. Cette élévation de la concentration sanguine en mélatonine semble corrélée à une diminution du VEMS.
Compte tenu de cette découverte, il paraît déraisonnable de laisser les asthmatiques utiliser des compléments alimentaires contenant de la mélatonine : quelle que soit la quantité de cette hormone qu'ils produisent naturellement, la consommation de mélatonine exogène risque d'aggraver leurs troubles respiratoires.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature