POUR 12 400 000 élèves à suivre, les moyens en médecins de l'Education nationale se montent pour l'année 2007 à un total de 1 799,9 équivalents temps plein. Un nombre très insuffisant au regard des missions qui leur incombent, d'autant que, en 2004, la médecine scolaire bénéficiait encore de 2 121,6 pleins-temps. De sorte que, en 2007, chaque médecin scolaire doit en moyenne encadrer 7 898 élèves, si l'on retranche du nombre de médecins scolaires les 130 conseillers techniques qui ne sont pas directement chargés des élèves. Les médecins scolaires estiment, à ce propos, que «chaque médecin devrait idéalement s'occuper de 5000enfants en zone normale et de 3000 en zone difficile». Comme le rappelle le Dr Anne Viallat, du Syndicat national des médecins scolaires et universitaires (Snmsu), «nous sommes là notamment pour détecter les souffrances, physiques, psychologiques, ou de maltraitance. Quand ce travail n'est pas fait, ces souffrances se transforment en violence».
Pourtant, les missions des médecins scolaires sont nombreuses et importantes : organiser la détection précoce des difficultés, effectuer les bilans de santé, favoriser l'éducation à la santé, mettre en place le suivi particulier de certains élèves, etc. Mais, ajoute le Dr Lise-Marie Testau, du Syndicat des médecins de l'Education nationale (Smeden), «on nous ajoute mission sur mission, et l'administration nous met dans l'obligation de choisir entre plusieurs urgences: c'est le choix de Sophie». Selon les médecins scolaires, le seul bilan de santé systématique, qui est la visite médicale en fin de maternelle, n'est plus assuré pour tous les enfants. Seulement 70 % d'entre eux en bénéficieraient, un taux qui tomberait à moins de 50 % dans certains départements comme le Val-de-Marne.
Le tout sur fond de grogne salariale, car les médecins scolaires perçoivent des salaires sans commune mesure avec leur niveau d'études : un médecin scolaire débute en effet avec un salaire brut mensuel de 1 738 euros et peut espérer achever sa carrière à 3 722 euros, toujours en brut. Pas de quoi déclencher les vocations, mais, pourtant, lors du dernier concours, 400 candidats se sont présentés pour 110 postes à pourvoir.
C'est dans ce contexte qu'il convient d'interpréter la lettre ouverte que l'ensemble des syndicats de médecins scolaires vient d'envoyer aux candidats à la présidence de la République. Ils y rappellent que certains médecins scolaires sont chargés «parfois de 12000élèves et ne peuvent plus répondre à toutes leurs missions». Les candidats sont donc interpellés sur les mesures qu'ils comptent prendre «pour rendre plus attrayante cette profession et pour lui donner les moyens de répondre à l'ensemble de ses missions en toute indépendance professionnelle». L'intersyndicale des médecins scolaires compte rendre publiques les réponses de tous les candidats.
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