LA MÉDECINE CONTINUE de séduire les bacheliers. Selon les chiffres recueillis par l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) auprès des administrations des facultés, plus de 45 000 bacheliers se sont inscrits en PCEM1 à la dernière rentrée universitaire (1). Ce résultat est en légère diminution par rapport à celui de l'an dernier (46 600). Il reste toutefois très imposant comparé à ceux des années passées (25 900 en 2001-2002, 38 500 en 2004-2005). «La médecine reste très prisée», indique Charles Mazeaud, président de l'ANEMF.
Une évolution disparate.
L'augmentation du nombre d'étudiants en médecine a accompagné les hausses successives du numerus clausus ces dernières années, inquiétant étudiants et doyens. «De tels effectifs nous posent des difficultés grandissantes, analyse Charles Mazeaud. Les capacités d'enseignement ne sont pas extensibles. Il n'y a plus de place dans les amphis de certaines facs et il est difficile d'organiser des travaux dirigés.» Autre conséquence : les étudiants ont moins de rapports directs avec les enseignants et le corps médical.
Plusieurs facteurs expliquent la stagnation des effectifs de PCEM1. « L'an dernier, il n'y a pas eu d'appel d'air lié à une augmentation du numerus clausus , indique Charles Mazeaud. Il y a eu une meilleure orientation des lycéens dans de nombreuses régions et parfois aussi des refus de redoublement dans certaines facultés.» La proportion de redoublements est diverse, tel que le montre le tableau que nous publions – oscillant de 14,25 % à Brest à plus de 40 % à Limoges ou à Marseille.
Le tassement des inscriptions n'est pas identique dans toutes les facultés. Plusieurs d'entre elles – Amiens, Angers, Brest, Dijon, Grenoble, Limoges, Tours… – ont quasiment enregistré le même nombre d'étudiants que l'an dernier. Certaines promotions sont parfois nettement moins nombreuses. C'est le cas dans de grosses facultés – à Bordeaux, Marseille, Strasbourg, Clermont-Ferrand ou en Ile-de-France : à Bobigny, Créteil, Paris-V et surtout Paris-VII (près de 600 étudiants en moins).
Pour le Pr Bernard Charpentier, doyen de Paris-Sud et président de la Conférence des doyens, ces évolutions sont liées aux efforts des facultés et des associations étudiantes dans l'information et l'orientation des lycéens avant le choix de leur filière universitaire.
Depuis plusieurs années, certaines facultés demandent à rencontrer les bacheliers dont le dossier scolaire laisse présager qu'ils ne réussiront pas le PCEM1. D'autres organisent, comme Paris-V, une journée «portes ouvertes» en début d'année. «Tous les lycéens de l'Ouest parisien sont invités à la faculté, explique le doyen de Paris-V, le Pr Patrick Berche. Cette année, nous leur expliquerons avec un petit documentaire télévisé comment se passent concrètement les études de médecine. L'idée n'est pas de les décourager, mais de leur montrer que ces études sont longues et qu'elles peuvent être dures pour qui n'y est pas préparé.» Tous les ans, à Paris-V, environ 300 jeunes abandonnent le PCEM1 en cours de route.
Quel numerus clausus cette année ?
Les séances d'information dans les lycées ne portent toutefois pas toujours leurs fruits et ont parfois des « effets pervers ». Plutôt que de réduire les vocations, il arrive qu'elle les décuple. A Rouen, la promotion de P1 est passée de 1 050 à 1 300 en un an. Le doyen de la faculté, le Pr Christian Thuilliez, reste toutefois persuadé que l'orientation active et individuelle des étudiants est une excellente solution pour dissuader ceux qui n'ont pas le niveau requis d'entrer dans une filière et leur éviter un échec en première année.
Quelle sera l'évolution des inscriptions de PCEM1 dans les années à venir ? Les atermoiements de Roselyne Bachelot sur l'évolution du numerus clausus ne permettent pas de le prévoir clairement. La ministre de la Santé a annoncé pendant les débats sur le PLFSS à l'Assemblée nationale que le numerus clausus augmenterait à l'issue de cette année universitaire, avant de déclarer quelques jours plus tard lors d'une émission de radio qu'il était «au taquet supérieur».
(1) Sans les facultés des Antilles et de Corse.
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