LA MEDECINE D'URGENCE n'est plus une capacité mais une spécialité complémentaire depuis la parution au « JO » du 6 octobre d'un arrêté fixant la liste des diplômes d'études spécialisées complémentaires (Desc).
Ce nouveau diplôme récompense l'abnégation des urgentistes « qui se battaient ces dernières années pour obtenir la pleine reconnaissance de leur formation », selon le Pr Bernard Nemitz, doyen de la faculté de médecine d'Amiens, qui a travaillé à l'élaboration de sa maquette. « Grâce à ce diplôme, la médecine d'urgence occupe la même place que les autres spécialités à l'hôpital », explique le Dr Frédéric Adnet, président de la commission scientifique du Samu de France. Jusqu'à présent, la seule façon d'accéder à une formation en urgence était la capacité de médecine d'urgence (CMU), d'une durée de deux ans après l'internat.
Grâce à cette réforme, tout titulaire d'un DES pourra maintenant présenter sa candidature à ce diplôme complémentaire. S'il est retenu et boucle sa maquette, il sera reconnu comme spécialiste en médecine d'urgence.
Le Desc de médecine d'urgence est un diplôme de type 1. Contrairement au Desc de type 2, il permet à son titulaire de conserver sa qualification d'origine. Le Pr Nemitz s'en réjouit, car la médecine d'urgence « va conserver la richesse de recrutement ». Une grande majorité des urgentistes sont des médecins généralistes ou des anesthésistes-réanimateurs titulaires d'une capacité de médecine d'urgence (CMU).
CMU-Desc : vers une équivalence ?
Les urgentistes en exercice devraient, quant à eux, obtenir une équivalence au nouveau diplôme. « Nous en avons eu la promesse. Une commission de validation des acquis pourrait attribuer l'équivalence entre la CMU et le Desc », déclare le Dr Adnet. Ce changement de statut aura vraisemblablement des conséquences. « Il doit s'accompagner d'une augmentation de la rémunération des gardes de 15 à 20 % pour les médecins titulaires de la CMU en exercice », déclare Isabelle, praticienne hospitalière à Paris.
Les urgentistes chargés de la formation souhaitent que ce nouveau diplôme soit suivi d'effets pour l'enseignement universitaire de la médecine d'urgence. « Notre discipline doit intégrer une sous-section au Conseil national des universités (CNU) . Ce serait un premier pas vers la formation d'enseignants en médecine d'urgence mais aussi vers des postes de chefs de clinique », indique le Dr Adnet. Beaucoup d'enseignants seraient déjà prêts à quitter leur sous-section d'origine pour se consacrer entièrement à l'enseignement de la médecine d'urgence.
Seul point négatif : les résidents qui ont terminé ou poursuivent actuellement leur formation ne pourront pas accéder au Desc. Jusqu'à l'obtention de leur diplôme, les premiers internes de médecine générale devront patienter. « C'est dommage car, pendant trois ans, seulement quelques dizaines de médecins spécialistes pourront postuler au Desc de médecine d'urgence. Nous nous privons du très important vivier de candidats que sont les résidents. C'est un gâchis », regrette le Dr Adnet.
La gériatrie : une « voie de garage »
L'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes en médecine générale (Isnar-Img) est très remontée car la gériatrie est désormais un Desc de type 2, à usage exclusif. « Un médecin généraliste titulaire de ce diplôme sera qualifié à l'Ordre en tant que gériatre et ne pourra plus exercer la médecine générale. C'est une aberration car la gériatrie comme la gynécologie médicale font partie de l'exercice du généraliste. Pourquoi accepter de créer une voie de garage et la laisser puiser dans nos effectifs alors que la France manque de médecins généralistes ? », demande Pascale Marco. Pour la présidente de l'Isnar-Img, le « lobbying des gériatres » a grandement profité de la canicule 2003.
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