QU'ON NE S'Y TROMPE PAS : le budget 2008 de la Sécurité sociale, dont le gouvernement vient de dévoiler les principales mesures (lire ci-dessous), est tout sauf un budget de transition.
Même si le grand débat sur le «financement de la santé» (permettant de définir ce qui relève de la solidarité, ce qui relève de la responsabilité individuelle) n'aboutira qu'au premier «semestre 2008»,ce projet de loi, qui vise à ramener le déficit du régime général sous la barre des 9 milliards d'euros, engage ou accélère des réformes fortes qui risquent de bousculer la plupart des secteurs.
Outre la réforme présidentielle contestée des franchises médicales, présentée comme «un effort de solidarité» pour dégager de nouveaux financements,mais qui se traduira d'abord par une augmentation du reste à charge des malades, ce texte conduit la médecine de ville sur des chemins escarpés : un encadrement accru de la liberté d'installation des libéraux, qui a déjà mis les jeunes médecins en alerte maximale (voir page 7) ; une double évolution des modes de rémunération et de prescription qui passera dans un premier temps par l'expérimentation et le volontariat : contrats «individualisés» avec les médecins payés «à la performance» sur des engagements «complémentaires» de prescription de médicaments, d'arrêts de travail, de dépistage ou de prévention ; expériences de « disease management » ouvrant la voie au paiement forfaitaire annuel pour la prise en charge de pathologies chroniques (par patients ou groupes de patients) ; enfin, régulation renforcée en médecine de ville avec la mise en place d'un mécanisme de gel des accords conventionnels tarifaires au cas où les dépenses sortent trop rapidement des clous. Ce n'est pas un hasard si, en dépit d'un Ondam 2008 plus «réaliste», plusieurs syndicats dénoncent le retour des «vieux démons» de 1995 et de la maîtrise comptable.
L'hôpital public, de son côté, n'a pas été épargné avec le financement intégral des établissements à l'activité (T2A) dès l'an prochain, qui risque d'accélérer la restructuration du secteur.
Patients, médecins de ville, hôpitaux, et même laboratoires avec la pérennisation d'une contribution exceptionnelle... : au chevet d'une Sécurité sociale toujours bien malade, le gouvernement a délivré une ordonnance qui s'apparente davantage à un traitement de choc qu'à de l'homéopathie.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature