La première clé du bonheur pour un généraliste en milieu rural, selon le Dr Luc Duquesnel ? « Lever les contraintes de la permanence des soins ou, plus exactement, parvenir à s’organiser pour que cette dernière puisse être convenablement assumée par chacun à tour de rôle ». Le chef de file CSMF des Pays de la Loire sait de quoi il parle. Avec ses confrères de la Mayenne, il est parvenu à monter son projet de pôle de santé libéral auquel adhèrent aujourd’hui 55 professionnels de santé, dont vingt généralistes.
« Nous avons débuté en 2006, explique le praticien. » Premier défi : réorganiser la sectorisation et les tours de garde afférents qui couvrent un bassin de population de quelque 30 000 habitants. La mise en place au 2 janvier 2006 de la régulation libérale a été « un vrai appel d’air ». 75 % des appels téléphoniques en matière de Pds concernent des demandes de conseil. « Avec la régul’, les généralistes n’étaient plus obligés de se déplacer, développe le Dr Duquesnel, qui enfonce le clou. La deuxième étape a consisté à mutualiser nos moyens avec le centre hospitalier pour la tranche horaire minuit-huit heures, ainsi que pour celle du samedi matin. »
À l’arrivée, ce sont dix-neuf généralistes sur les vingt du secteur qui assument la garde, qui sont libres de partir en week-end dès le vendredi soir s’ils le souhaitent. « Et, en période de pont, comme celui de l’Ascension la semaine dernière, les vacances peuvent aller du mercredi soir au dimanche soir. »
Des cabinets clés en main
Premier gage d’une qualité de vie, ne pas être esclave constamment des servitudes de sa profession ! Mais pas seulement. Car les généralistes sont aussi demandeurs d’un temps médical accru. « C’était une demande notamment des jeunes, désormais les anciens l’ont également faite leur », insiste Luc Duquesnel. Mais pas n’importe comment. « Aujourd’hui, pour lutter contre la désertification médicale, les collectivités multiplient les propositions de cabinet clés en main », analyse le praticien mayennais. Le marché proposé est simple : « Venez-vous installer chez nous et la commune ou la communauté de communes vous proposera un loyer défiant toute concurrence pour votre cabinet, et pourra même le cas échéant vous fournir un secrétariat partagé au sein d’une maison de santé. » Or, poursuit Luc Duquesnel, les dispositifs de coopération ne peuvent fonctionner de façon pérenne que s’ils sont portés, du moins pour partie, par les professionnels qui souhaitent y adhérer. Et de citer l’exemple de ses propres étudiants en médecine générale qu’il accueille dans le cadre de la maîtrise de stage. « Il y a eu une évolution récente. Les jeunes ne se détournent pas autant de l’exercice libéral qu’on pourrait le croire, simplement, ils veulent panacher paiement à l’acte, forfait et exercice regroupé, tout en pouvant profiter de leur vie de famille. »
Au grand air ! C’est tout l’objet du pôle de santé libéral du département qui compte pour l’heure, sept cabinets satellites. Une manière de garantir le maillage sanitaire au niveau du territoire en attendant la fin de la construction de la maison de santé pluridisciplinaire prévue pour 2014. « Grâce à la nouvelle génération, nous avons adopté un changement important dans la conception de l’exercice : celui du passage de la culture de la politique du soin à celle de la politique de santé », conclut celui qui tire une nouvelle sonnette d’alarme. Celle de l’accès aux soins des spécialités de second recours dans les campagnes.
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