La santé en librairie
Françoise Héritier, professeur honoraire au Collège de France, précise d'emblée dans la préface du livre l'ampleur du problème de la maternité, qu'il convient de décoller de cette sphère privée à laquelle on le voudrait réduire, pour le porter « très haut », vers « la question de l'insertion de la maternité dans l'espace public de la citoyenneté ».
Pour commencer, il convient de reconnaître avec Yvonne Knibiehler que la maternité « est toujours et partout une construction sociale », autant qu'une histoire individuelle, comme le montre aisément un petit voyage dans le passé. Questions d'identité, questions de transmission, questions de société vont alors pouvoir se succéder et parfois s'imbriquer. De nouveaux rapports se font jour entre féminité et maternité, entre féminisme et maternité, hommes et femmes semblent moins éloignés qu'on aurait pu le croire face au désir d'enfant, et finalement, « tout se passe comme si, aujourd'hui encore, la maternité était vécue comme une étape nécessaire dans la construction de l'identité féminine ».
Ce qui ne va pas sans interrogations sur les responsabilités respectives des hommes, des femmes et des acteurs sociaux dans les soins à donner aux enfants, dans la transmission d' « un héritage humain digne de ce nom ». Françoise Collin, philosophe, voit là la nécessité d' « un chantier de vie et de pensée qui ne va pas sans traumatismes », qui conduirait à « redonner sens à ce que signifie "mettre au monde" » au sens plein du terme. Reste ensuite à inscrire dans la réalité sociale cette nouvelle maternité : pour les auteurs, il s'agit là de « la pointe avancée d'un combat fondamental à la démocratie, celui qui s'efforce de lier une certaine idée de la liberté individuelle, une certaine idée de la justice sociale et une forme de renouveau de l'idéal humaniste ».
« Maternité, affaire privée, affaire publique », sous la direction d'Yvonne Knibiehler, Bayard, 269 pages, 150 F (22,87 euros).
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