CINQ CENT QUARANTE-DEUX nouveautés contre 552 l’an passé, la baisse n’est pas significative. Sur les 353 romans français attendus (contre 365), le cinquième, soit 67 (contre 77), seront des premiers romans.
Pas moins de quatre prix Goncourt sont au rendez-vous. Dans « Un été chez Voltaire » (Albin Michel), Jacques-Pierre Amette nous ouvre les portes du château de Ferney alors que le philosophe reçoit deux jeunes comédiennes italiennes afin de répéter la tragédie « le Fanatisme ou Mahomet le prophète » ; l’ambiance est partagée entre les jeux et le libertinage et les réflexions sur la tolérance inspirées par la pièce.
« Faut-il brûler la Galigaï ? » (Grasset), demande Pierre Combescot en faisant défiler le destin de cette Florentine de basse extraction, appelée au palais pour distraire la jeune Marie de Médicis et qui, manipulatrice née, finira par devenir marquise d’Ancre puis Maréchale de France.
Dur destin en revanche que celui de Cathy, l’héroïne de Paule Constant dans « la Bête à chagrin » (Gallimard), la quarantaine et fonctionnaire, trompée par son mari alors qu’elle attend un deuxième enfant ; tombée sous la coupe d’un criminel, elle sera considérée comme sa complice.
Dans un nouveau roman écologique intitulé « le Parfum d’Adam » (Flammarion), Jean-Christophe Rufin dévoile, des territoires indiens d’Amérique aux ghettos pour milliardaires du lac Léman, les dessous de l’écologie radicale qui constitue, selon le FBI, la deuxième source de terrorisme mondial.
• Aventures en tout genre
Chez Albin Michel, Catherine Hermary-Vieille confronte trois femmes naufragées sur une île d’un archipel canadien et hostiles les unes aux autres, qui redoutent, puis en viennent à attendre « le Gardien du phare » qui ne se montre jamais. Et Robert Sabatier publie « les Trompettes guerrières », le sixième et dernier tome de sa série des « Allumettes suédoises ».
Chez Belfond, Gonzague Saint-Bris publie, sous le titre « Marie, l’ange rebelle », la biographie romancée de Marie d’Agoult, qui quitte son mari pour Franz Liszt, dont elle aura trois enfants.
Chez Fayard, pour Christine Arnothy, c’est « Donnant donnant » : la réussite d’une jeune Française qui s’installe avec son fils à Los Angeles et se fait épouser par un réalisateur connu, pour s’apercevoir quelques années après qu’elle a été piégée.
L’aventure est en marche avec Irène Frain qui nous amène « Au royaume des femmes » en compagnie du botaniste et linguiste Joseph Francis Rock parti en Asie, en 1925, trouver une montagne plus haute que l’Everest et une légendaire tribu matriarcale.
Quant à Madeleine Chapsal, elle revisite dans « Un amour pour trois » l’habituel trio, avec une héroïne qui, après avoir découvert que l’homme dont elle est amoureuse vit avec une autre, séduit cette rivale et l’entraîne avec elle... avant que l’amant délaissé ne les rejoigne.
Chez Gallimard, « Un père » de René de Ceccatty est le récit d’une relation entre deux hommes dont l’un est marié et père de deux enfants ; l’autre, le narrateur, découvre la duplicité et la perversion de son compagnon qui vit entre déni de son homosexualité et collection d’aventures avec hommes et femmes.
Signé Sije Dai, « Par une nuit où la lune ne s’est pas levée » a pour thème la quête, à partir de Pékin, d’un mystérieux manuscrit rédigé dans une langue inconnue, qui, selon la légende, aurait été remis à ses disciples par Bouddha en personne.
De la Chine à la Tchécoslovaquie, il y a Jérôme Garcin et « les Soeurs de Prague », à la tête d’une agence littéraire et artistique toute-puissante. A noter, sous le titre de « Microfictions », l’exercice de style de Régis Jauffret qui, sous la forme de cinq cents textes courts, donne la parole à autant de narrateurs et narratrices qui se racontent et donnent leur avis sur le monde.
Et Marie N’Diaye, dans « Mon coeur à l’étroit », témoigne de la descente aux enfers d’un couple d’instituteurs lorsqu’ils se retrouvent en butte à une sourde hostilité de la part des élèves, de leurs collègues et même des gens du quartier.
• Romans historiques
Chez Grasset, « le Silence » de François Léotard met en scène une jeune femme qui n’a de cesse de comprendre pourquoi, depuis qu’il a eu dix ans, en 1944, l’écrivain Simon Leibowitz n’a plus prononcé un mot. Jacques Chessex s’est inspiré d’un fait divers réel pour écrire « le Vampire de Ropraz », lorsqu’un garçon de ferme un peu idiot a été désigné comme le coupable idéal, en 1903, dans le haut Jorat vaudois, après que des tombes de jeunes filles ont été profanées et les corps violés et mutilés.
Chez Verdier, Didier Daeninckx offre « Histoire et faux-semblants », un recueil de quatre nouvelles dans lesquelles chaque personnage dissimule ou est victime de l’illusion, où les apparences se révèlent toujours trompeuses.
Chez Julliard, une rupture est à l’origine de « Se résoudre aux adieux », de Philippe Besson ; Louise a beau s’exiler, elle ne peut oublier celui qui l’a fait souffrir et lui envoie lettre sur lettre afin de lui faire partager sa détresse et sa solitude. C’est une fable étrange qu’a imaginée Jean Teulé dans « le Magasin des suicides » ; dans ce lieu où depuis des générations on ne vend que ce qui peut servir à se suicider et où l’humeur de chacun est aussi sombre que les produits, il arrive que le dernier héritier en date éclate de joie de vivre !
Chez Robert Laffont, Michel Peyramaure publie, après celui sur Cartouche, le deuxième volume de sa trilogie « Les trois Bandits. Mandrin ».
Chez Lattès, signalons deux romans historiques : « Judas, le bien-aimé » de Gérald Messadié, et « le Conseil des troubles », dans lequel Frédéric H. Fajardi raconte la vie aventureuse de Tancrède de Montigny, dernier atlante.
• Histoires courtes
Aux éditions de l’Olivier, Patrick Bouvet met en scène, dans « Canons », trois femmes aux prises avec les canons de la beauté, qu’elles utilisent ou détournent. Sous le titre « Hommes entre eux », Jean-Paul Dubois raconte la rencontre inattendue entre deux hommes qui ont aimé la même femme ; l’un, atteint d’une maladie incurable, a fait un long voyage seulement pour la voir une dernière fois. Quant à Geneviève Brisac, elle publie dans « 52 ou la seconde vie » cinquante-deux histoires écrites pendant un an, à raison d’une par semaine, qui explorent les peurs secrètes et les désirs inconscients.
Les éditions du Panama présentent une recrue de choix avec Philippe Delerm qui publie un recueil d’histoires tournant autour du sport, « la Tranchée d’Arenberg et autres voluptés sportives ».
Chez Plon, on remarque « les Fantômes de Goya », un roman écrit à quatre mains par Jean-Claude Carrière et Milos Forman : ce qu’il advint de la muse du peintre de la cour, Francisco Goya, accusée d’hérésie, emprisonnée, violée et abandonnée par le moine Lorenzo qui devait l’aider à la demande de l’artiste ; c’est lui qui, vingt ans plus tard, confesse son crime. Dans « L’oubli », Jean-François Deniau nous fait voyager au Vietnam avec un héros qui saisit l’occasion d’une mission scientifique pour partir sur les traces de son père, des bas-fonds de Saigon aux jungles des hauts plateaux. Inspiré par l’année Mozart, Jean Dutourd a fait de « Leporello », le valet de Don Giovanni, un observateur sagace de son temps et de son maître, qu’il présente comme un homme méchant, vieilli avant l’âge, d’un caractère plus féminin que viril, souvent malade aussi.
• L’art et l’écrit
Au Seuil, la concurrence est rude. Dans « C’est pourtant pas la guerre : recueil », Maryline Desbiolles a réuni dix récits de vies de misères et de souffrances, qui ont pour cadre l’Ariane, cité de l’agglomération niçoise.
Dans « Esther Mésopotamie », Catherine Lépront met en scène une jeune femme, la narratrice, fascinée par l’archéologue pour lequel elle travaille et qui lui invente une passion pour une inconnue qu’elle surnomme Esther Mésopotamie. Dans « Le plus grand Peintre vivant est mort », Pierre-Jean Rémy s’est inspiré de la vie de Balthus pour confronter les partisans et les détracteurs de son oeuvre. Dans « Je voudrais tant revenir », Yves Simon raconte la découverte progressive de deux hommes, un vieil écrivain retiré qui confie à un jeune auteur spécialiste des biographies, la mission d’écrire son dernier livre. Signalons aussi « l’Inconciliabule », une histoire d’amour provinciale racontée par la chanteuse Brigitte Fontaine.
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