La marche pour garder le cerveau jeune

Publié le 15/05/2001
Article réservé aux abonnés

A VIS aux femmes du troisième âge : la simple habitude de marcher pourrait protéger contre le déclin des fonctions intellectuelles, perte de mémoire comprise, qui peut venir en vieillissant. C'est ce qu'indique une étude prospective américaine qui a évalué près de 6 000 femmes âgées de plus de 65 ans.

« Cela est une intervention importante que nous pouvons tous suivre, et qui pourrait avoir d'énormes retentissements en prévenant le déclin cognitif », commente la neurologue Kristine Yaffe (université de San Francisco) qui a présenté les résultats de cette étude à l'occasion du 53e Congrès de l'American Academy of Neurology à Philadelphie.
Plusieurs études ont suggéré que l'activité physique est associée à une meilleure fonction cognitive chez les sujets âgés, mais les évidences sont restées minces, car la majorité des études ont été des enquêtes transversales et peu ont ajusté pour les facteurs potentiellement confondants.
Covinsky, Yaffe et coll. ont étudié, dans le cadre d'une étude prospective de cohorte en cours, près de 6 000 femmes âgées de plus de 65 ans. A l'entrée de l'étude, elles ne présentaient aucun déficit cognitif ou limitation physique. Les performances cognitives ont été évaluées (Mini Mental State Examination modifié ou MMSE) à l'entrée de l'étude, puis de six à huit ans plus tard. Le déclin cognitif a été défini par une baisse d'au moins 3 points du résultat du test. L'activité physique a été mesurée sur la distance parcourue chaque semaine.

Quatre groupes d'activité

Les femmes ont été classées en quatre groupes selon leur degré d'activité physique. Les moins actives marchaient en moyenne un peu moins de 1 km par semaine, tandis que les plus actives marchaient près de 29 km par semaine.
L'étude montre que les femmes les plus actives à l'entrée de l'étude ont moins de risques de déclin cognitif au cours des huit années de suivi : 17 % seulement ont décliné comparé à 24 % dans le groupe des femmes les moins actives. Les résultats ne changent pas après ajustement pour divers facteurs (âge, éducation, maladies, tabagisme, estrogène et limitation fonctionnelle).
« Nous avons aussi trouvé que pour chaque mile (1,6 km) supplémentaire de marche par semaine, il existe 13 % en moins de chances de déclin cognitif », ajoute le Dr Yaffe. « Par conséquent, vous n'avez pas besoin de courir des marathons. Ce qui est intéressant, c'est l'existence d'une relation dose-effet montrant que même un peu de marche, c'est bien, mais davantage, c'est encore mieux. Les résultats sont presque identiques lorsque nous avons mesuré le nombre total de calories dépensées par semaine. »
Le Dr Yaffe propose plusieurs exemples d'activités modérées qui pourraient réduire le risque de déclin cognitif : marcher 1,5 km par jour, ou jouer au tennis deux fois par semaine, ou bien encore jouer au golf une fois par semaine.

Congrès de l'American Academy of Neurology.

Dr Véronique NGUYEN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6918