Les chiffres en témoignent, l'insuffisance veineuse chronique touche presque autant les hommes que les femmes. Dans la tranche d'âge 45-54 ans, environ 40 % des hommes et, dans celle des 55-64 ans, plus de 60 % d'entre eux présentent des varices à l'examen clinique. Globalement, 49 % des hommes adultes souffriraient de maladie veineuse chronique (MVC), soit en France 3,7 millions d'hommes dont 1,2 million âgés de moins de 60 ans. Cette quasi-égalité entre femmes et hommes face à la MVC n'est toutefois pas perceptible à l'échelon des consultations médicales. « Par peur, par honte » ou « parce que les jambes des hommes sont cachées par leur pantalon », les hommes se rendent rarement chez un médecin pour cette pathologie. Selon la sociologue Christine Castelain-Meunier : « Oser se regarder les jambes, y attacher de l'importance et se faire soigner ne vont pas de soi pour un homme. » Ainsi, seulement 17,2 % des hommes atteints viennent consulter et exprimer leur plainte. Lorsqu'ils le font, « c'est souvent en dernier recours, en raison des signes physiques avérés et handicapants, rarement pour l'esthétique », précise le Dr Frédéric Vin. Les reflux profonds sont ainsi chez les hommes deux fois plus fréquents que chez les femmes. Des varices sont présentes dans 74,5 % des cas contre 54,2 % chez les femmes. En définitive, les hommes consultent en moyenne cinq ans plus tard que les femmes. La maladie est alors diagnostiquée à un stade beaucoup plus avancé, et plus grave, dans un contexte pathologique plus lourd.
Un diagnostic trop souvent tardif chez l'homme
Liée au dysfonctionnement du système veineux de la partie déclive des jambes par incontinence valvulaire, la maladie veineuse chronique des membres inférieurs est une pathologie évolutive et invalidante. Chez l'homme, les veines les plus touchées sont celles du réseau veineux profond. Les troubles sont favorisés par une prédisposition familiale, des antécédents de thrombose veineuse, potentialisés par d'autres facteurs comme l'âge, la sédentarité, le surpoids, la station debout, la pratique de sports aggravants dits à « à coups » (tennis, squash...). Les principaux signes fonctionnels rattachés à la présence de varices tronculaires saphènes sont, chez l'homme comme chez la femme, à type de douleurs, de tensions, de crampes, de démangeaisons, de picotements... Non traitée, la maladie veineuse chronique peut aboutir à des complications graves, des troubles trophiques conduisant à des ulcères, à des dèmes importants, à des risques de thrombose lors d'un voyage ou d'une intervention chirurgicale. Hormis les facteurs hormonaux féminins et les grossesses, hommes et femmes sont donc à égalité devant la maladie veineuse chronique. Si les facteurs de risque et l'intensité des signes de la maladie sont équivalents dans les deux sexes, le moment du diagnostic et de la prise en charge diffère cependant. Or la maladie, identifiée tardivement, peut devenir très invalidante avec un retentissement important sur la qualité de vie et sur l'activité professionnelle. On constate de ce fait que les arrêts de travail pour cette pathologie sont deux fois plus fréquents chez les hommes que chez les femmes (4 % versus 1,5 %) et surtout qu'ils sont plus prolongés (12 jours versus 8 jours chez les femmes).
Un dépistage très précoce de la maladie chez les hommes apparaît donc une nécessité. Celui-ci peut être réalisé par un médecin généraliste et consiste en un examen clinique du sujet debout et dévêtu permettant de rechercher la présence de varices, d'évaluer l'état des téguments, de diriger le patient vers une consultation de phlébologie si nécessaire. Ce dépistage est d'autant plus important qu'il existe des antécédents familiaux. Il doit déclencher, si la maladie n'est pas trop évoluée, la mise en uvre de moyens simples mais efficaces pour ralentir la maladie (chaussettes de contention, classe 2) et éviter ainsi le recours à des moyens thérapeutiques plus agressifs.
Amphi parrainé par les Laboratoires Innothera sous la présidence des Prs Henri Boccalon (Toulouse), Eric Hachulla (Lille) et du Dr Frédéric Vin (ancien président de la Société française de phlébologie).
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