L'ETUDE VITAE (VTE Impact Assessment Group in Europe)* menée dans toute l'Union européenne est la première étude qui a tenté de déterminer le poids réel représenté par la maladie thromboembolique en termes de morbidité, de mortalité et de coûts associés à cette maladie.
Un panel de 13 experts originaires de six pays européens (France, Allemagne, Italie, Espagne, Suède, Royaume-Uni) a évalué les données obtenues à partir d'un modèle épidémiologique, approche adoptée lorsqu'il est difficile d'établir la fréquence d'une maladie en réalisant des études cliniques et épidémiologiques.
Selon les résultats de cette étude, présentés lors du 5e Congrès annuel de l'Efim (European Federation of Internal Medicine), la maladie thromboembolique veineuse symptomatique, qui comprend l'embolie pulmonaire et la thrombose veineuse profonde, constitue un fléau, à savoir plus de 500 000 décès, 435 000 embolies pulmonaires et 684 000 thromboses veineuses profondes symptomatiques documentées. Son coût total (coûts directs et indirects) est estimé à 640 millions de livres au Royaume-Uni.
Deux raisons majeures plaident pour une prévention et un dépistage précoces de cette pathologie silencieuse et trop souvent méconnue : le risque d'embolie pulmonaire, qui peut être mortelle d'emblée, et celui de maladie post-thrombotique.
Trop souvent une découverte autopsique.
La maladie thromboembolique est asymptomatique dans 70 à 80 % des cas ou se manifeste par des signes peu spécifiques. Aujourd'hui encore, l'embolie pulmonaire n'est trop souvent découverte que sur la table d'autopsie sans que le diagnostic ait été évoqué du vivant du patient. D'où l'extrême importance diagnostique de l'existence de facteurs de risque de thrombose veineuse.
Outre les facteurs génétiques qui n'expliquent au mieux qu'un cinquième des embolies pulmonaires, il existe des facteurs de risque acquis : l'âge (les sujets âgés font plus de thrombose que les sujets jeunes), une immobilisation prolongée, une insuffisance veineuse chronique, des antécédents de thrombose veineuse, les traitements chirurgicaux, en particulier la chirurgie orthopédique, les interventions pelviennes et carcinologiques, et des causes médicales (infectieuses, hémopathies, cardiopathies, contraception orale et cancer).
Des mesures prophylactiques.
Des mesures prophylactiques associent une mobilisation aussitôt que possible, le recours à des méthodes mécaniques (bas de contention, compression pneumatique intermittente) et un traitement anticoagulant qui demeure le traitement de base.
Ce traitement, qui repose sur les recommandations des conférences de consensus (1), fait appel à l'héparine standard non fractionnée ou, le plus souvent maintenant, aux héparines de bas poids moléculaire, dont les propriétés pharmacocinétiques (demi-vie longue, biodisponibilité de 90 % par voie sous-cutanée, élimination rénale) rendent leur prescription et leur surveillance plus simples que celles de l'héparine non fractionnée ; les patients peuvent être traités en ambulatoire.
Cependant, en dépit des recommandations, la thromboprophylaxie n'est pas largement pratiquée : les patients qui viennent de subir une intervention chirurgicale à risque ne reçoivent pas tous un traitement prophylactique efficace, 40 % ou plus n'en bénéficieraient pas (2) et seulement 40 % des patients atteints d'une affection médicale à risque (ce qui représente 25 % de tous les patients hospitalisés en médecine pour une affection aiguë) reçoivent une thromboprophylaxie efficace (3).
« La maladie thromboembolique est souvent une maladie silencieuse, sa première manifestation peut être d'emblée mortelle, d'où la nécessité d'effectuer un dépistage systématique chez tous les patients et de prendre des mesures préventives si nécessaire », souligne le Pr Alexander Cohen.
En France, le Parlement a adopté une loi de santé publique fixant comme objectif la réduction de 15 % du risque de thrombose veineuse profonde d'ici à 2008 (4).
* L'étude VITAE a été réalisée avec le soutien financier de Sanofi-Aventis.
Conférence de presse organisée par l'Efim (European Federation of Internal Medicine) et présidée par le Pr Ajay Kakkar (Londres, Royaume-Uni).
(1) The Seventh ACCP Conference on Antithrombotic and Thrombolysis Therapy . « Chest », 2004.
(2) Samama MM et al. « N. Engl J Med » 1999 ; 341 : 793-800.
(3) O'Shaughnessy D. VERITY Venous Thromboembolism Registry Second Annual Report, 2004. Isbn 1 903968-08-9.
(4) Sénat. Loi n° 2004-806 relative à la politique de santé publique. www.senat.fr « Thrombose veineuses profondes ». Accessed
21 septembre 2005.
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