« La proportion d’une femme atteinte de BPCO pour cinq hommes était valable jusque dans les années 1990. Aujourd’hui, le nombre de cas de BPCO stagne chez les hommes alors qu’il augmente chez les femmes. On estime désormais que 40 % des malades atteints de BPCO seraient des femmes (1) et sur 15 000 décès par an attribuables à la BPCO, 6 400 concerneraient des femmes. En 20 ans (de 1979 à 1999) le taux de mortalité par BPCO a augmenté de 21 % chez les hommes et de 78 % chez les femmes », déclare le Dr Nathalie Freymond (hôpital Louis-Pradel, Lyon). Cette tendance évolutive est corrélée à l’augmentation du tabagisme chez la femme jeune. Les causes d’origine professionnelle sont pratiquement inexistantes chez la femme, contrairement à l’homme.
Plus sensibles et plus à risque que les hommes
Les femmes, pour des raisons encore mal connues, ont un risque plus important, à tabagisme égal, de développer une BPCO que les hommes. Ainsi, les femmes atteintes de BPCO peuvent être jeunes (environ 40 ans). Elles sont par ailleurs susceptibles de connaître des formes plus sévères et le risque d’hospitalisation et de décès est plus élevé. « Elles sont généralement plus essoufflées en cas de BPCO et présentent un score de dyspnée plus important. Elles toussent plus fréquemment et ont un syndrome dépressif associé plus marqué que chez les hommes. Au stade sévère, l’altération de la qualité de vie est supérieure à celle de l’homme se traduisant par une limitation des activités », souligne le Dr Nathalie Freymond. Le retentissement social de la maladie est plus important chez la femme avec une tendance plus élevée à l’isolement. (2)
Un sous-diagnostic plus élevé
Le principal problème reste l’insuffisance du diagnostic de BPCO chez la femme qui semble encore plus important que chez les hommes.
En 2001, K. Chapman a montré que pour des symptômes semblables (essoufflement, toux grasse, bronchites à répétition…), les médecins diagnostiquent davantage une BPCO chez les hommes que chez les femmes(3).
De plus, les symptômes de la BPCO, trop souvent banalisés par les fumeurs, sont culturellement tus par les femmes. Par coquetterie, elles ne parlent que de leur essoufflement, ce qui peut retarder davantage le diagnostic, fait à des stades parfois plus avancés.
L’asthme, et non la BPCO, est plus souvent évoqué par les médecins généralistes chez une femme qui se plaint de dyspnée. Il faut donc savoir y penser. « C’est ainsi que six femmes pneumologues se sont récemment engagées dans une campagne d’information pour combattre les idées reçues et favoriser le dépistage des femmes en médecine générale. », déclare le Dr Nathalie Freymond. Il s’agit d’une campagne de sensibilisation soutenue par le laboratoire AstraZeneca. Elle repose sur la diffusion d’affiches destinées aux salles d’attentes auprès des pneumologues et des médecins généralistes, d’un livret sur la BPCO destiné aux patients et d’une brochure destinée aux médecins.
Il a également été constaté un retard de consultation aux urgences. Il y a donc plus d’hospitalisations chez les femmes en cas d’exacerbations. En revanche, en cas de traitement, les femmes seraient plus observantes et compliantes et feraient moins de rechutes.
(1) État des lieux de la BPCO en France en 2005, Rev Mal Resp2 006.
(2) C. Laurin, KL Lavoie, SL Bacon, et al. Sex differences in the prevalence of psychiatric disorders and psychological distress in patients with COPD. Chest 2007;132 148-155.
(3)Chapman KR et al. Gender Bias in the diagnosis of COPD. Chest 2001 ;119 ;1691-1695.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature