ON L'A PRESQUE OUBLIÉ, maintenant que les antirétroviraux ont fait de l'infection à VIH une maladie chronique, mais l'arrivée du sida, dans les années 1980, a été un cataclysme. C'est «quelque chose qui a beaucoup changé ma vie, ma façon de concevoir les relations, cela m'a fait comprendre que je n'étais qu'un simple mortel», explique aujourd'hui André Téchiné, 67 ans, pour qui «être passé à travers» a été «fondateur». L'auteur des « Roseaux sauvages » a jugé nécessaire d'en faire un film, «par devoir de mémoire envers des amis qui ont disparu dans ces années-là et parce que j'ai eu le sentiment moi-même d'avoir échappé à mon destin».
Cinq personnages vont lui permettre d'évoquer l'irruption de la maladie et la première contre-offensive des médecins et des associations. Autour du jeune Manu (Johan Libéreau, remarqué dans « Douches froides »), avide de vivre en toute liberté et qui sera contaminé, il met en scène un médecin homosexuel (Michel Blanc), un couple libéré et conflictuel (Emmanuelle Béart et Sami Bouajila) et la gentille soeur de Manu, qui ne vit que pour l'art lyrique (Julie Depardieu). A travers leurs passions, leurs drames, ils seront les témoins, parfois dépassés, souvent trop lucides, de l'arrivée de la maladie et de ce qu'elle a changé dans nos vies.
On peut reprocher au réalisateur de coller d'un peu trop près à son sujet. C'est de façon linéaire qu'il construit son récit et relie les scène-clefs. Mais l'implication des acteurs, dans des rôles qui en demandaient une forte, la présence de moments lumineux et l'émotion palpable le font oublier.
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