Les différentes formes
Décrite pour la première fois en 1920, la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) est une encéphalopathie subaiguë spongiforme transmissible (EESST).
L'agent en cause n'est pas connu avec certitude mais l'hypothèse la plus vraisemblable est celle émise par Stanley B. Prusiner d'une protéine infectieuse (« prion » pour Proteinaceous Infectious Article), la PrP, qu'il a isolé en 1982. Une hypothèse qu'il a défendue contre la communauté scientifique et qui lui a valu le prix Nobel de médecine en 1997.
Différentes formes sont reconnues chez l'homme :
– les MCJ sporadiques (85 % des cas) ;
– les MCJ génétiques et familiales liées à l'existence d'une mutation ou d'une insertion sur le gène PRNP ;
– les MCJ iatrogènes ; les principaux cas rapportés sont liés au traitement par hGH (hormone de croissance) ou à une greffe de tissus nerveux (dure-mère aujourd'hui interdite) ou à l'utilisation d'instruments de neurochirurgie ;
– les vMCJ, liées à l'agent de l'ESB (encéphalopathie spongiforme bovine).
La MCJ due au traitement par hGH
Les patients contaminés ont été traités entre mi-1983 et mi-1985. A partir de mi-1985, la sécurité de l'hormone extractive a été améliorée par l'introduction d'une étape de traitement par l'urée dans le procédé de fabrication. En 1988, l'hormone extractive a été remplacée par une hormone synthétique fabriquée par des techniques de génie biologique. Les 4 premiers décès sont survenus en 1991.
La durée d'incubation de la MCJ iatrogène est influencée par le polymorphisme du codon 129 du gène PRNP. Elle est plus courte chez les homozygotes (Met/Met ou Val/Val) que chez les hétérozygotes (Met/Val). L'estimation de la durée d'incubation chez les homozygotes est de 9,7 ans. La différence moyenne entre homozygote et hétérozygotes serait de cinq ans.
Un pronostic fatal
Quelle que soit sa forme, la MCJ reste une maladie rare caractérisée par sa longue durée d'incubation, son évolution fatale sans rémission et sans aucune réaction inflammatoire ou immunitaire détectable.
Cliniquement, elle associe un état démentiel à des signes neurologiques dont les plus fréquents sont les myoclonies, le syndrome cérébelleux, les troubles visuels, les syndromes pyramidal et extrapyramidal avec fréquemment un état de mutisme akinétique en fin d'évolution.
Seul un examen cérébral post-mortem permet un diagnostic de certitude qui repose sur des critères neuropathologiques et sur la mise en évidence de protéine prion pathologique.
En dates
- Février-mars 1985, Etats-Unis-Grande-Bretagne : 3 décès par MCJ en relation avec l'hormone de croissance (HC) sont signalés.
- Juin 1985 : pays anglo-saxons.
- 30 août 1985 : Etats-Unis.
- Juin 1988, France : en dépit d'avertissements scientifiques sur la MCJ, Paris s'en tient à l'inactivation virale, de l'été 1985 (traitement à l'urée) jusqu'à l'apparition d'une hormone synthétique (1988). Début 2002, le pays compte 81 décès HC/MCJ, soit 75 % des cas dans le monde. Au total, 2 305 enfants ont reçu l'HC (rapport de l'IGAS).
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