> Antiquités
IL NE S'AGIT PAS de jouets, même si certains ont pu jouer ce rôle, mais de réductions à l'échelle dont les plus précieuses sont les chefs d'œuvre de maîtrise du temps des corporations, cet examen que le compagnon menuisier et ébéniste devait réussir pour devenir à son tour maître d'atelier. Ces pièces antérieures à la Révolution représentent un tiers de la collection, les deux autres tiers se partageant entre des modèles XIXe et des copies XXe.
Dominatrice outrageuse de cet ensemble, la commode en constitue plus de la moitié. Peut-être par le choix du collectionneur, peut-être aussi parce qu'on peut la reconvertir en boîte à bijoux, à couture, à broutilles.
Elles y sont toutes, ou presque, assorties d'estimations entre 1 500 et 3 000 euros. Il n'y manque que la Boulle Louis XIV en marqueterie, mais plusieurs commodes droites à façade galbée représentent la première version de ce meuble si pratique apparu à la fin du XVIIe siècle.
La commode Régence ventrue, en bois de rose et de violette, introduit toute la saga des commodes d'ébénisterie XVIIIe. La « sauteuse » Louis XV haut perchée sur ses pieds galbés, la précieuse commode en laque de Chine, en copie XXe, et plusieurs versions d'époque de la Transition à ressaut centrale, telle qu'on la voit interprétée par Leleu, Œben, RVLC.
Un seul de ces petits meubles porte une estampille, celle de FC Franc, accompagnée du JME de la jurande, sur une petite commode Louis XVI à pieds gaines, en bois de rose et amarante.
L'obligation du chef d'œuvre tombe en 1791 avec le système corporatif. La tradition des petits meubles n'en continue pas moins, toujours avec la même qualité. Le Directoire est représenté par une élégante commode d'acajou à poignées de cuivre et marbre blanc. L'Empire lui succède, avec ses grosses commodes rectangulaires à colonnes détachées et cerclées de cuivre ciselé. Vient ensuite la commode Charles X, toute simple et plus aimable, en bois blond à filets bruns, puis la banale Louis-Philippe en noyer avec laquelle la commode semble avoir épuisé son inspiration.
Le règne de Napoléon III nous vaut de belles imitations des styles du XVIIIe, mais surtout une paire de ravissants petits chiffonniers à doucine, de style Louis XV qui, avec une des estimations les plus hautes (3 000/3 200 euros) forment un des pôles d'attraction de la vente.
Un tour de France des régions.
C'est aussi en commodes que nous est proposé un tour de France de meubles régionaux, mais pas seulement. On passe de l'opulente commode grenobloise, façon Hache, à l'élégante provençale sculptée et ajourée, créditée de 2 500 euros, mais on devrait payer un peu plus cher la commode de port d'acajou massif, de modèle plutôt nantais. Autre meuble de port plus rare : un petit cabinet de gaïac, spécialité de la région rochelaise, estimé lui aussi autour de 2 800 euros.
La Bresse est représentée par un ravisant et caractéristique vaisselier à horloge centrale, fabriqué au XIXe qui ne devrait pas dépasser 1 000 euros, et l'Alsace par une commode strasbourgeoise marquetée de croisillons et par une typique armoire « Renaissance » incrustée de paysages en perspective et estimée 2 000/2 300 euros.
Les prix d'estimation ne sont que des indications, établies en fonction de l'ancienneté et de la qualité du petit meuble. Les moins chers sont évidemment ceux du XXe, accessibles à partir de 100 ou 200 euros, les valeurs les plus élevées (de 3 000 à 3 500 euros) vont aux pièces XVIIIe et XIXe, les plus soignés, dont certaines se payent quasiment aussi cher qu'un vrai grand meuble. Mais dans un domaine de collection aussi spécial et aussi rare, c'est évidemment la passion des amateurs qui décident.
Dimanche 18 avril, 14 h 30, hôtel Martinez, Besch Cannes Auction.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature