Vénissieux, à l’Est de Lyon. Le long de la future ligne de tram qui reliera bientôt les Minguettes au centre de l’agglomération, les bâtiments sont coquets, plantés derrière des grilles noires. C’est là, au rez-de-chaussée de la résidence Anne Ingrid, qu’a ouvert en juillet 2008 une maison de santé pluridisciplinaire (MSP). Elle regroupe un médecin généraliste -également médecin du sport- une gériatre -aussi généraliste- une podologue, une infirmière, une kiné et une secrétaire qui anime à la fois l’accueil et le réseau informatique.
L’infirmière et la kinésithérapeute sont Vénissiannes. Les autres professionnels travaillaient déjà dans le quartier avant de se regrouper. « J’exerçais depuis vingt ans à une centaine de mètres », explique le Dr Xavier Martin, généraliste. « J’avais fait beaucoup de remplacements ici avant de reprendre un cabinet, il y a deux ans ou trois ans, poursuit le Dr Nadia Yahiaoui-Taïbi, sa consœur gériatre. Je me sens très bien aux Minguettes ». Coralie Depigny, la podologue, était également installée à deux pas de là depuis quelque temps. Le projet s’est monté plutôt vite, en un peu plus d’un an, grâce à une opportunité immobilière du Dr Martin, qui avait « repéré le local », grâce aux conseils de l’URML, mais aussi à un programme du Conseil régional pour favoriser l’implantation des MSP (voir encadré)... « Les orientations de l’URML et celles de la Région m’ont vraiment permis de mieux appréhender l’association entre médicaux et paramédicaux, de mieux cadrer notre projet », assure Xavier Martin. Pourtant, si les incitations ont été importantes dans le montage du projet, celui-ci n’aurait pas été possible sans l’énergie des partenaires et leur volonté commune de travailler autrement.
« J’avais envie de collaborer avec d’autres, dans une logique hospitalo-universitaire, précise le Dr Yahiaoui Taïbi, Le partage d’infos crée une vraie dynamique intellectuelle. » La recherche de sécurité ? Certes, le cabinet, déjà équipé d’une caméra à l’entrée, sera très sécurisé. Mais elle n’a pas été le moteur principal dans cette association. « J’ai été victime d’une agression quinze jours avant l’ouverture du cabinet », admet Coralie Depigny. Mais elle préfère souligner la visibilité que gagne sa profession dans la MSP : « Souvent, les généralistes ne nous connaissent pas assez ». Elle ne se voyait pas non plus continuer en solo dans son cabinet : « L’équipe, c’est la manière de travailler qui me convient le mieux et qui apporte le plus d’efficacité dans la prise en charge des patients ». D’autant que les soignants se complètent : l’un des généralistes, le Dr Martin, anglophone, certifié en sport, fait partie d’un réseau sur l’insuffisance respiratoire, tandis que l’autre, le Dr Yahiaoui Taïbi est aussi gériatre et arabophone, alors que la podologue apporte une compétence très recherchée, en particulier pour la prise en charge des pieds âgés ou du diabète de type 2. Problème majeur dans ce quartier à l’importante population maghrébine, cette pathologie est d’ailleurs l’un des axes de travail de la MSP.
Une envie commune de travailler autrement
« C’est à la fois héréditaire et culturel, explique Nadia Yahiaou Taïbi. Comme je peux parler aux personnes dans leur langue, notamment aux patientes âgées, je les aide à changer leurs habitudes de vie, leur manière de se chausser, à mieux gérer les périodes de ramadan ou à marcher davantage, par exemple. » Le Dr Xavier Martin, lui, a mis au point une méthode de suivi avec de l’exercice physique à domicile. « J’ai environ deux cents patients diabétiques. Si je devais les inscrire tous dans le cadre d’un réseau, ce serait bien trop lourd à gérer. A la MSP, la coordination est plus souple entre la gériatre, le généraliste et la podologue. Mais nous avons vraiment des moyens assez pointus pour coordonner la prise en charge. » Coralie Depigny se réjouit également de « pouvoir enfin faire de la prévention du diabète, plutôt que de voir arriver les pieds déjà bleus. Avec l’infirmière et la kinésithérapeute, nous allons aussi organiser des réunions d’information régulières pour les patients. »
« Nous avons travaillé pendant des mois avec un architecte, raconte le Dr Xavier Martin. Il était essentiel de disposer d’un cabinet fonctionnel, bien équipé, mais aussi confortable et agréable. » « Il fallait absolument que cet endroit soit beau, explique le Dr Yiahiaoui Taïbu. Pour nous, bien sûr, mais aussi pour les patients, pour qu’ils se sentent à l’aise et gratifiés. Nous ne voulions pas ouvrir un cabinet de banlieue, pour une population de banlieue... »
Pour répondre à leurs besoins de communication, les professionnels de santé ont acquis un outil informatique très performant.Valérie Martin, à l’accueil et au secrétariat, numérise l’ensemble des pièces écrites et gère en temps réel les rendez-vous. Les deux médecins et la podologue sont ainsi informés en direct de l’arrivée des personnes. Et ils peuvent bien sûr consulter le dossier patient partagé. « L’esprit du cabinet, c’est l’échange, résume le Dr Martin. Ça se passe de manière informelle, parce que nous nous entendons bien, mais c’est aussi facilité par le réseau informatique. »
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