L'augmentation du temps libre modifie en profondeur le mode de vie de ceux qui en bénéficient et bon nombre de personnes se livrent à des activités qui ne sont pas toujours « innocentes » et ont des conséquences parfois dramatiques. En outre, le faible coût des machines outils que l'on peut se procurer facilement et le coût élevé du travail artisanal incitent bon nombre de personnes à réaliser les tâches les plus lourdes seules ou aidées par des amis, pas toujours plus compétents dans l'utilisation du matériel à fort potentiel de dangerosité. La pratique quotidienne dans un service SOS-Main permet d'observer ce phénomène qui touche principalement les hommes, mais atteint également les femmes.
Bricolage et jardinage
Deux types d'activité dominent largement les causes des accidents de la main survenant au cours des loisirs. Le bricolage domestique, tout d'abord : la maçonnerie (écrasement), la menuiserie (plaies, amputation de la main ou des doigts), l'utilisation des scies circulaires responsables de lésions gravissimes avec des reconstructions parfois impossibles... Et le jardinage, avec, à côté de la classique tondeuse qui ampute les extrémités digitales, les taille-haies, les tronçonneuses qui envoient dans les services hospitaliers des blessés souvent gravement atteints, lesquels nécessitent des soins urgents, très spécialisés, que seuls les centres SOS-Mains sont capables d'offrir à toute heure du jour et de la nuit.
Les procédures de microchirurgie y sont régulièrement utilisées, les séquelles fréquentes et les reprises chirurgicales parfois nécessaires.
D'autres activités de loisir, moins agressives, sont aussi des facteurs de lésions des mains : les chutes de roller, de ski, les sports de ballon qui sont responsables de lésions (fractures, entorses) dont la gravité n'est jamais comparable à celle des machines, mais dont le coût, en terme d'interruption professionnelle, n'est pas toujours mineur.
Parmi les facteurs de risque (hypoglycémie, fatigue, manque de sommeil...), l'alcoolisme aigu ou chronique tient une place majeure et est régulièrement retrouvé comme facteur associé chez nombre de blessés de la main.
Un drame social
La particularité de l'accident de loisir, outre sa gravité potentielle qui est identique à celle d'un accident survenu au cours du travail, est l'absence de prise en charge de ses séquelles par les organismes sociaux. Il s'agit donc d'un problème social, car l'accident peut aboutir à un déclassement socio-professionnel, voire au chômage et à sa cascade de drames.
Il y a certainement dans ce domaine des accidents de loisirs des efforts d'éducation et d'information à réaliser. En effet, la plupart de ces accidents auraient pu être évités par une utilisation plus rigoureuse de la machine.
Conférence de presse de présentation du 37e congrès de la Société française de chirurgie de la main. Participaient à cette conférence de presse le Pr D. Le Viet (président de la Société française de chirurgie de la main, Paris) et les Drs F. Chaise (secrétaire général, Nantes) et G. Raimbeau (trésorier, Angers).
Prévenir le syndrome du tunnel carpien
Affection connue depuis de nombreuses années, le syndrome du tunnel carpien est de plus en plus fréquent. Si sa survenue chez les femmes d'âge moyen suggère une notion hormonale, sa fréquence chez des femmes plus jeunes évoque un facteur microtraumatique. Dans ce dernier groupe, la mobilisation fréquente du poignet et des doigts est notée, faisant évoquer une pathologie de surcharge, reconnue comme maladie professionnelle en France et aux Etats-Unis. Des études biomécaniques menées dans les années 1980 ont montré que la mise en flexion ou en extension du poignet entraînait une élévation considérable de la pression dans le tunnel carpien. La pratique du clavier par les secrétaires, les informaticiens ou les passionnés du Web est un facteur indiscutable de déclenchement de cette pathologie. Il importe de savoir comment limiter l'impact de cette activité sur la survenue des syndromes du tunnel carpien dont le poids sur les comptes de la santé n'est pas négligeable, en particulier dans ses répercussions sur les indemnités journalières qui sont versées après l'acte chirurgical nécessaire au traitement.
Pour ce faire, une analyse ergonomique doit être réalisée pour chaque patient potentiel afin d'aboutir à une position de travail dont les conséquences sur la pression dans le tunnel carpien sera la moins nocive possible : poignet ni étendu ni fléchi, doigts appliqués souplement sur le talon, talon de la main appuyé sur un plan rigide, coude en position moyenne de flexion, siège ou bureau réglable en hauteur.
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