QUELS RAPPORTS y a-t-il entre le choeur de chambre Accentus, créé et dirigé par Laurence Equilbey, et l'admirable Orchestre philharmonique de Berlin ? Beaucoup certainement sur le plan de l'excellence musicale, mais, sur le plan plus purement parisien, celui de jouer à guichets fermés dans la prestigieuse Salle Pleyel. Salle comble le 31 mars pour « Transcriptions, le concert », événement très attendu après le succès commercial le plus inattendu de ces dernières années. Rapide rappel des faits. En 1991, une jeune musicienne de retour de Vienne, où elle avait complété auprès de Nikolaus Harnoncourt, rien moins, une solide formation musicale acquise depuis l'enfance, fonde avec une poignée d'étudiants et de jeunes professionnels un instrument non encore pratiqué chez nous : le choeur de chambre. Probablement éternellement avide et perfectionniste, cette femme menait parallèlement une formation de type compagnonnage avec LE chef de choeur que le monde s'arrache, le suédois Eric Ericson, qui a laissé son nom au choeur de chambre de Stockholm. En une dizaine d'années de travail d'arrache-pied avec un choeur qui se professionnalise et compte aujourd'hui une quarantaine de chanteurs, de vrais pros qui partagent leur temps avec d'autres activités musicales, elle restaure tout un répertoire de chant a cappella, soit oublié, soit méconnu, et donne une existence matérielle et un rang international à ses troupes.
Répertoire original pour ne pas dire marginal, création d'oeuvres contemporaines (récemment « Perela » de Pascal Dusapin), participation aux festivals lyriques, à des spectacles chorégraphiques (il était récemment de la création d'« amoveo » du surdoué Benjamin Millepied à Garnier, voir « Le Quotidien » du 20.11.06), Accentus est devenu un instrument à part entière de la vie musicale française. En 2000, Laurence Equilbey fait enregistrer à Accentus un bouquet de transcriptions habituellement utilisées comme « bis » à la fin des concerts. Principalement des lieder romantiques transcrits pour choeur a cappella, réalisations de qualité signées soit par les compositeurs eux-mêmes, soit par d'autres, et fait appel à Gérard Pesson pour en réaliser d'originales comme le fameux « Adagio for strings », de Samuel Barber, désormais emblématique du choeur Accentus.
En ce début de siècle, les ventes de CD font profil bas. « Transcription » fait un carton, en se vendant à plus de 100 000 exemplaires et devient le blockbuster des disques classiques de l'année. Du coup, les enregistrements suivants, plus austèrement consacrés à Schoenberg ou Haydn, se vendent mieux et récoltent des récompenses méritées. Fin 2006, « Transcription 2 » refait une percée majeure au moment des fêtes (voir « Le Quotidien » du 4.12.06). Bach, Debussy, Mahler, Prokofiev, Ravel, Schubert, Scriabine, Vivaldi, Wagner sont au programme. Un très large public est touché et sensibilisé au mystère et au charme profond du chant a cappella. Le concert s'imposait et ce sera chose faite le 31 à Pleyel, puis à Angers. Accentus ne continuera pas moins de se produire au même moment, jusqu'à Lisbonne et Tokyo, avec des programmes consacrés à Sibelius, Stenhammer, ou Manouri, Mantovani et Brahms, son répertoire courant.
Salle Pleyel (01.42.56.13.13 et www.sallepleyel.fr) le 31 à 20 h. Autres concerts en France : Angers, le 3 avril, Paris Théâtre du Châtelet : « Thaïs », de Massenet, le 16 avril, Bourgoin-Jailleux le 11 mai, Mulhouse La Filature le 15 mai, Paris – Cité de la musique avec le Concerto Köln le 22 mai. Enregistrements publiés par Naïve.
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