L’étude de Tamas Horvath, neuro-chercheur à l’université de Yale, va plus loin en précisant qu’une alimentation trop grasse de la mère durant le troisième trimestre de grossesse prédisposerait l’enfant à devenir obèse et diabétique. Et ce, en raison d’un mauvais développement du circuit hypothalamique de la mélanocortine. Ces travaux laissent penser que les femmes enceintes peuvent avoir une influence majeure sur la santé métabolique au long cours de leurs enfants en contrôlant correctement leur alimentation durant cette période cruciale du développement infantile.
Un lien étroit existerait également entre la prise d’antibiotiques chez le nourrisson et l’augmentation du risque d’obésité dans la petite enfance. L’effet est faible mais modifiable et différerait selon le type d’antibiotiques utilisés. Il pourrait être médié par la modification de la flore intestinale en raison du rôle important joué par le microbiome intestinal dans le métabolisme énergétique. Ces résultats observés par l’équipe de Patricia DeRusso dans une cohorte de plus de 64 000 enfants américains suivis jusqu’à l’âge de 5 ans pourraient remettre en question certaines recommandations thérapeutiques pour les affections pédiatriques courantes.
Dès la maternelle
La trajectoire de l’obésité se dessine dès le plus jeune âge. Une évidence pour le corps médical qui a été confirmée par une nouvelle étude publiée dans le New England journal of Medicine (2014). Elle a concerné plus de 7 700 participants d’une cohorte d’enfants entrés en école maternelle entre 1998 et 1999 aux États-Unis et dont l’indice de masse corporelle (IMC) a été calculé 7 fois entre leur inclusion et 2007. Les enfants ayant un indice de masse corporelle important lors de leur entrée en maternelle ont alors cinq fois plus de risque d’être obèses au collège.
Parce qu’à ses débuts l’obésité n’est pas très visible, il faut chercher à la repérer dès le plus jeune âge pour la prendre en charge, un défi à la portée des jeunes patients et de leur médecin de famille. Le repérage précoce est possible si l’on mesure et pèse l’enfant à chaque consultation. Tout dérapage ou franchissement de la zone de corpulence normale, au-delà du 97e percentile, peut ainsi être pointé. Le médecin traitant est alors en première ligne. La prise en charge est d’autant plus facile qu’elle est faite précocement. Le soutien de l’enfant et de ses parents est essentiel pour la compréhension et à la mise en place des bonnes pratiques alimentaires, d’activités physiques et pour juger de l’intérêt d’un accompagnement diététique et/ou psychologique.
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