Le Conseil de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD) juge le phénomène « particulièrement alarmant » : le dopage s'étend et se banalise dans la « fragile » population des jeunes et adolescents, comme le confirme une enquête réalisée dans la région Midi-Pyrénées.
L'enquête* a été réalisée avec un échantillon de 1 506 filles et 1 420 garçons âgés de 13 à 20 ans, répartis entre 143 classes. 8,5 % des élèves ayant une activité physique ou sportive en dehors des cours d'EPS (éducation physique et sportive) ont déclaré s'être déjà dopés (7 filles et 34 garçons sur 209) ou peut-être déjà dopés (62 filles et 106 garçons). Après étude des dossiers, 58 cas de dopage ont pu être authentifiés, soit 2,4 % des sportifs et environ 2 % de l'ensemble de la population. Sur ces 58 cas, 22 ont déclaré ne pas savoir qu'ils utilisaient une substance dopante et 17 étaient conscients qu'ils se dopaient. Les principales substances dopantes authentifiées étaient la caféine (25 cas, sous forme de comprimés), les bêta 2-mimétiques (12 cas), les cannabinoïdes (11 cas), les amphétamines (4 cas) et les corticoïdes (2 cas). Les garçons interrogés font en priorité du football, du rugby, du basket-ball, et les filles de la danse, du tennis, de l'équitation.
« En dehors de l'infraction à la morale du sport, le dopage se révèle de plus en plus dangereux pour la santé des sportifs », notent les auteurs de l'enquête.
Se poser les bonnes questions
Pour « alerter les jeunes » sur le problème du dopage, « les aider à réfléchir et à se poser les bonnes questions, pour ensuite se forger une conduite personnelle en accord avec l'éthique sportive », le CPLD lance « Et toi, le dopage ? », un programme d'information et de sensibilisation des jeunes sur le dopage. Une action menée en partenariat avec la fondation d'entreprise La Française des Jeux, la Société française de médecine du sport et la Communauté européenne.
Plus exposés que les autres, selon le CPLD, les jeunes sportifs scolarisés dans les sections sportives spécialisées « doivent être alertés et sensibilisés en priorité ». Ils sont « jeunes, influençables, soumis déjà à une forte pression, et doivent mener de front leur scolarité et leur carrière sportive », soulignent les experts.
Le CPLD propose deux types d'action. L'une consiste à rencontrer les jeunes sportifs dans leur classe, à la demande de leur professeur d'EPS, pour travailler avec eux, au cours de trois séances successives, sur le sujet du dopage. Ces conférences, qui s'appuieront sur des séquences vidéo, pourront être organisées « en interdisciplinarité » avec des enseignants d'éducation civique, de philosophie, etc. Pour les professeurs qui jugeraient ce type d'intervention trop lourde, un kit pédagogique leur donne les moyens d'ébaucher une réflexion, à leur rythme. Près de 8 500 classes sont concernées par cette action. Environ 300 classes pourraient suivre le programme de « Et toi, le dopage ? », au cours du premier semestre 2002. L'information sera diffusée notamment par courrier aux 1 700 établissements visés par l'opération.
Seconds sur la liste des jeunes prioritaires, les étudiants des STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives), dont certains se destinent au professorat d'éducation physique. Les autres auront des responsabilités d'encadrement dans les clubs ou assureront la gestion d'équipements sportifs. Bref, ils tiendront auprès des jeunes un rôle éducatif et seront, à ce titre, sensibilisés au danger que représente le dopage, au cours de l'année universitaire 2002-2003.
Dans les lycées, les clubs sportifs, les associations (UNSS, UGSEL), des jeunes pratiquent un sport de façon intensive, participent éventuellement à des compétitions, sans pour autant fréquenter des sections sportives spécialisées. Ils ne seront pas exclus de l'information sur le dopage. Une poursuite du programme de prévention sera envisagée en 2003-2004.
* Enquête épidémiologique sur la pratique sportive et l'image du dopage en milieu scolaire dans la région Midi-Pyrénées en 1999, réalisée grâce à la participation de l'hôpital Purpan, de Toulouse, et du service médical du rectorat d'académie de Toulouse, notamment.
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