LA MEDECINE EN 2003
La première enquête nationale sur la prévalence des infections nosocomiales (IN) date de 1996 et avait impliqué 830 établissements. Le taux de prévalence des IN révélé par ce travail était de 7,6 %. Une nouvelle enquête sur ces infections a été réalisée cinq ans après. De type « un jour donné », elle a porté sur 305 656 patients hospitalisés dans près de deux fois plus d'établissements (1 533), ce qui représentait 77 % des lits hospitaliers français.
Le Dr Astagneau souligne deux points nouveaux par rapport à la première étude. Tout d'abord, la participation des établissements privés à but lucratif. « On avait très peu de données sur les IN dans ces établissements », fait-il remarquer, en précisant toutefois que, jusqu'en 1999, les cliniques n'étaient pas soumises à la même réglementation que les hôpitaux publics. Avec, pour corollaire, une mise en place plus récente des dispositifs de lutte contre les IN. Il apparaît que le taux de prévalence des IN est plus faible dans les cliniques que dans les hôpitaux publics (5,3 % contre 7,5 %). « Cependant, cette différence peut être expliquée par une fréquentation par des patients à plus faible risque dans les établissements privés », précise le Dr Astagneau.
Une prévalence de 6,4 % en 2001
L'évaluation, en 2001 de la prescription des antibiotiques donne une photo assez exhaustive de la prescription de ces médicaments à l'hôpital dans les IN, mais également en prophylaxie. Cette analyse était un objectif secondaire, mais elle a apporté des informations intéressantes au niveau national, alors que seules quelques enquêtes ponctuelles, sur un petit nombre d'établissements, avaient été menées sur ce sujet. « Le jour de l'enquête, lit-on dans le rapport, 1 patient hospitalisé sur 6 recevait au moins un anti-infectieux. Outre l'association acide clavulanique-amoxicilline très largement prescrite, les fluoroquinolones représentaient 17 % des anti-infectieux prescrits, ce qui renforce l'importance du suivi de l'émergence de la résistance à ces antibiotiques. »
Dans cette deuxième enquête, le taux de prévalence des IN était de 6,4 %. S'il est difficile de comparer directement ce chiffre à celui de la première étude, à cause des différences méthodologiques, les auteurs estiment que ces données suggèrent une baisse de la prévalence des IN entre 1996 et 2001 parmi les patients hospitalisés dans les CHU et les CH. Une tendance que vient conforter l'analyse comparative des deux enquêtes conduites dans l'interrégion Nord (1). « La comparaison a été effectuée sur les mêmes établissements ayant participé aux deux études de 1996 et 2001 dans l'interrégion », selon la méthode « un jour donné », indique le Dr Astagneau. L'analyse montre que les taux de prévalence des IN ont diminué de 11,1 % durant cette période. A noter que ce calcul a été fait après prise en compte des facteurs de risque. En revanche, une évolution inverse a été observée pour les indicateurs de risque (à l'exception d'une intervention chirurgicale dans les trente jours précédents), dont la fréquence a augmenté de façon significative. « Le risque d'IN est intrinsèquement plus important parce que les patients sont de plus en plus vieux et plus lourds », explique le Dr Astagneau. Aussi, ce phénomène ne remet pas en question le recul des IN et, donc, l'efficacité des mesures prises pour lutter contre ces infections.
Les autres résultats de l'enquête 2001 vont dans le même sens que ceux de la précédente pour ce qui est des sites prédominants, qui restent les infections urinaires et cutanéomuqueuses, les pneumopathies et les infections du site opératoire (voir encadré). Ces infections représentent 71 % des IN. De même, Escherichia coli, Staphylococcus aureus et Pseudomonas aerugisona sont toujours les germes les plus fréquemment en cause (54 % des germes isolés). Mais la fréquence de la résistance, déjà élevée pour certains d'entre eux, progresse. C'est le cas de S. aureus, dont 57 % de souches étaient résistantes à la méticilline en 1991 et 64 % en 2001.
(1) S. Maugat, A. Carbonne, P. Astagneau. « Pathologie biologie » 2003 ; 51(8-9) : 483-489
Premières données nationales sur les infections du site opératoire
Pour la première fois en France, une étude a été consacrée spécifiquement aux infections du site opératoire*. L'analyse des données de 162 151 patients opérés en 1999 et en 2000 dans les services participant au RAISIN montre que le taux d'incidence de ces infections est de 1,93 pour 100 patients opérés. En Europe, la France est le seul pays à avoir mis en place un réseau de cette importance sur les infections du site opératoire, note le Dr Astagneau. Ces données serviront de base pour l'élaboration de mesures permettant d'améliorer la situation.
* Rapport de l'Institut de veille sanitaire. Février 2003
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