ENTRE 6 000 et 12 000 personnes ont célébré samedi, dans les rues de Paris, les 30 ans de la loi Veil, qui légalisait en 1975 l'interruption volontaire de grossesse. « La loi Veil, on y veille », indiquaient certaines pancartes. Et c'était finalement cela le but premier de la manifestation : commémorer oui, mais surtout mettre en garde. « Au départ, nous voulions faire quelque chose de festif mais la mobilisation anti-IVG nous oblige à montrer que nous pouvons être forts dans la rue », insiste Françoise Laurant, la présidente du Mouvement français pour le Planning familial (Mfpf). Le ministre de la Santé et de la Famille, Philippe Douste-Blazy, a été montré du doigt par les militantes qui s'indignent notamment que les coordonnées des associations anti-IVG figurent sur le site Internet du ministère. « Garraud, les femmes ont eu ta peau ». Le député, qui avait déposé en novembre 2003 un amendement visant à la création du délit d'interruption involontaire de grossesse, en a lui aussi pris pour son grade. « Nous sommes là, a souligné Maya Surduts, porte-parole de la Cadac (Coordination des associations pour le droit à l'avortement et la contraception), pour affirmer que l'avortement est un droit inaliénable qui doit être appliqué et respecté. Il faut rester vigilant en France et en Europe. »
Les jeunes indifférents.
Plusieurs personnalités de gauche se sont jointes au cortège, comme Yvette Roudy, ancienne ministre socialiste aux Droits des femmes (auteur de la loi qui a permis le remboursement de l'IVG), Marie-George Buffet (Parti communiste français), Dominique Voynet (Les Verts) ou Laurent Fabius. « L'IVG est un droit fondamental pour les femmes qu'il faut toujours continuer à défendre », a déclaré le numéro deux du Parti socialiste.
Etaient présentes également des militantes belges, espagnoles et portugaises (où l'avortement est encore interdit). La manifestation, qui se voulait nationale et internationale, a été modérément suivie à Marseille, avec quelques centaines de personnes (entre 300 et 500 selon la source d'information). Les manifestants, majoritairement des femmes, claironnaient que « La loi fait bien, manquent les moyens » ou encore que « Avorter c'est pas la joie, mais choisir c'est notre droit ». Claire Ricciardi, du Planning familial et coorganisatrice de la manifestation, s'est réjouie de la présence en grand nombre d'hommes dans le cortège : « A une époque, le mouvement féministe était perçu comme un mouvement castrateur ; aujourd'hui, les hommes se rendent compte que vivre avec des femmes autonomes, c'est bien. » Une manifestante se plaignait, pour sa part, de la faible mobilisation. « Ce n'est peut-être pas aussi facile de défiler pour l'avortement que pour la lutte contre le racisme. On dévoile quelque chose de soi, et cela demande un peu de courage. » Il semble que les jeunes aient plutôt boudé la manifestation. Non par indifférence, plutôt par excès de confiance ou du moins par méconnaissance des risques encourus par ce droit fragile. Cette jeune femme, interrogée à Paris aux abords du défilé, ne cachait pas son manque d'intérêt. « Je m'en fiche un peu », a-t-elle avoué. Il est pourtant des droits dont l'existence doit être suivie de la persistance.
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