John Forbes Nash, l'homme d'exception, n'est pas n'importe qui. Mathématicien génial, il met au point avant 30 ans une théorie époustouflante, est victime d'une maladie mentale qui lui vaut toutes sortes de délires et d'hallucinations, puis, deux ou trois décennies plus tard, retrouve l'université, où il enseigne toujours, et reçoit en 1994 le prix Nobel d'économie. Une vie racontée par Sylvia Nasar dans « Un cerveau d'exception », paru récemment en France chez Calmann-Lévy.
Ron Howard, dans un autre domaine, n'est pas non plus n'importe qui, jeune acteur de la série TV « Happy Days » devenu réalisateur à succès. Quant à Russell Crowe, nul n'ignore plus sa carrure depuis « Gladiateur ». Et bien sûr, pour évoquer quatre décennies de la vie d'un homme (en 2 h 16), les moyens n'ont pas manqué et on a réuni autour de l'acteur néo-zélandais une belle distribution, avec Ed Harris, Jennifer Connelly, Paul Bettany, Christopher Plummer... Sans oublier un spécialiste de la musique hollywoodienne, James Horner.
Résultat : huit nominations aux oscars mais, au-delà de la belle affiche, un film trop calibré pour émouvoir autant qu'il l'aurait pu et qu'il l'aurait dû.
La reconstitution de l'université de Princeton à la fin des années quarante semble parfaite à nos yeux d'Européens. Nash-Crowe apparaît comme le vilain petit canard au milieu des élégants et très brillants représentants de la bonne société WASP (white anglo-saxon protestant). Dès le début, on est accroché. Puis notre héros semble embringué, grâce à ses talents de décrypteur de séries mathématiques, dans le combat contre les méchants rouges... Tirant habilement les ficelles, Howard ménage le suspense, même si l'on sait que Nash va se retrouver entre les mains des psychiatres (impressionnante séquence de choc insulinique). Mais il ne peut s'empêcher de convoquer les violons comme dans trop de productions américaines. Notre héros est sauvé par l'amour avec scènes larmoyantes et musique itou à l'appui.
Russell Crowe joue les sexagénaires claudiquant et gémissant avec enthousiasme, mais cela fait trop pour un seul homme. Trop aussi pour le spectateur, même s'il ne peut s'empêcher d'essuyer une petite larme. L'histoire de John Forbes Nash valait mieux que ce mélo mielleux.
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