EXEMPLE FRAPPANT de cet empiétement d'un auteur sur l'autre, «Quelques jours avec Christine A.» (Plon) se déroule autour de Christine Angot, qui publie, elle, dans le même temps, « le Marché des amants ».
Frédéric Andrau confesse sa fascination pour son héroïne tout en se demandant pourquoi : «Je n'ai aucune admiration pour votre écriture. Chaque fois, je passe davantage de temps à me demander pourquoi je vous lis qu'à vous lire vraiment», écrit-il. Mais loin d'être uniquement people, le roman – où l'auteur s'amuse à disséquer le physique et le comportement de son modèle – explore les thèmes de la fascination, des jeux d'identité et des fêlures de la personnalité. Présent aussi dans cette rentrée d'automne, sans nouveau livre mais via son film « La possibilité d'une île », Michel Houellebecq a inspiré Pierre Mérot pour le personnage principal de son roman «Arkansas» (Robert Laffont). Un écrivain talentueux mais raté, fait des confidences et des révélations à propos d'un ancien ami et confrère, Kurtz, qui a réussi à construire un succès mondial sur une oeuvre littéraire annonçant la fin de la civilisation, et qui s'est isolé secrètement en Espagne dans une résidence utopique : Arkansas.
Intitulé en toute simplicité «Ginsberg et moi» (Le Seuil), le livre de Frédéric Chouraki s'approprie donc le poète de la Beat generation Allen Ginsberg, que Simon, le héros du roman, rencontre dans un sauna gay du Marais. Car Simon est un homosexuel qui travaille le jour à la synagogue et qui, la nuit, multiplie les aventures.
Spécialiste d'Henry James, Julie Wolkenstein met en place dans «L'excuse» (P.O.L.) un troublant jeu de miroir entre la vie de son héroïne et le roman « Portrait de femme ». Lise hérite d'une maison sur l'île de Martha's Vineyard en face de Boston. Elle se souvient de la première fois où elle s'y est rendue, de sa tante, de Nick son cousin, mort. Lise découvre des documents dans la maison, laissés par Nick à son intention. Elle se rend alors compte que toute sa vie ne semble avoir été qu'une histoire écrite par un autre, une histoire qu'elle n'a jamais pu contrôler.
Premier roman de Laurent Nunez, «les Récidivistes» (Champ Vallon) est l'histoire d'un jeune homme qui se sert de quatre écrivains comme d'une couverture, pour se raconter et se cacher. L'auteur emprunte la voix de Pascal Quignard pour tenter de comprendre l'amnésie frappant un amour de jeunesse, celle de Marguerite Duras pour dire la recherche effrénée de l'amour, celle de Marcel Proust qui, sur le canevas de « la Recherche du temps perdu », relate les péripéties d'une vie entière, de l'enfance jusqu'à l'avènement de l'écriture, celle enfin de Jean Genet pour dire l'incapacité à aimer.
Dans son dixième roman, «le Chemin des sortilèges» (Léo Scheer), Nathalie Rheims revisite les classiques. Dix ans après que l'homme qui l'avait vu naître et accompagnée depuis toujours, a abandonné sa femme, ses enfants et sa carrière de psychanalyste pour se retirer dans la solitude, la narratrice le rejoint pour comprendre ce qui s'est passé. Commence un huis clos où les cauchemars se confondent avec le réel. Les souvenirs resurgissent à travers les contes de fées qu'une main invisible dépose chaque soir à son chevet. De l'éveil de « la Belle au bois dormant » au crépuscule de « la Petite marchande d'allumettes », elle franchit les étapes d'une étrange initiation.
Dans «Héros, personnages et magiciens» (Fayard), Vincent Ravalec raconte l'histoire d'un écrivain, Ravalec lui-même, confronté au rêve de tout auteur : ses personnages vivent en vrai, grâce à un mystérieux instrument, l'Hologramisateur, qui permet de matérialiser les héros des livres. Certains s'échappent et une course-poursuite s'engage à travers d'autres oeuvres littéraires pour les retrouver.
Quant à Jean-Paul Enthoven, il nous invite dans le magnifique décor de la Zahia, quelque part au sud, près du désert, un palais envahi par la végétation et les souvenirs, où se réunissent des amis de bonne compagnie. Parmi eux, un narrateur – très influencé par les livres de Stendhal et les films de Maurice Ronet – et un certain Lewis, philosophe riche, célèbre, et épris d'Ariane, son épouse rêveuse. «Ce que nous avons eu de meilleur» (Grasset), ou la peinture d'un certain milieu littéraire et people.
Des romans rockabilly
Parmi les stars du rock qui ont nourri l'inspiration des romanciers, les Rolling Stones se taillent la part belle.
C'est ainsi que dans «Keith me» (Stock), Amanda Sthers se glisse dans la peau de Keith Richards, le guitariste des Rolling Stones, mêlant les épisodes héroïques de l'équipée du groupe au délire amoureux et au désarroi de son personnage ; avec une réflexion sur la rupture et la reconnaissance artistique en toile de fond.
De son côté, Nathalie Kuperman imagine dans «Petit Déjeuner avec Mick Jagger» (L'Olivier) que deux adolescentes se figurent que Jagger (qui vient de fêter ses 65 ans) va pousser la porte et bouleverser leurs vies.
Du côté des essais, c'est François Bon qui, après sa biographie de Bob Dylan, publie «Rockn'roll, un portrait de Led Zeppelin» (Albin Michel), tandis que Denis Roulleau a concocté un «Dictionnaire rock de la littérature» (Scali).
Mais le rock n'est pas tout, et Bertina Henrichs nous invite, dans «That's all right, mama!» (Panama), sur les traces du King à Memphis. Tandis que c'est le «New Wave» (Flam-marion) qu'Ariel Kenig et Gaël Morel nous invitent à ressentir.


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