De notre correspondante
à New York
« Notre étude prospective aide à clarifier le rôle que joue la lipoprotéine Lp(a) dans la prédiction de la maladie vasculaire chez les personnes âgées, population dans laquelle la validité de certains facteurs de risque traditionnels de maladie cardio-vasculaire a été mise en question », déclarent les investigateurs de l'étude publiée dans le « New England Journal of Medicine ».
Si la lipoprotéine Lp(a) est connue depuis 1963, elle n'en reste pas moins une particule énigmatique de fonction encore inconnue. Dans cette particule de type LDL (Low Density Lipoprotein), l'apolipoprotéine B-100 est liée à une apoprotéine(a). Cette dernière ressemble par sa séquence au plasminogène et confère à la Lp(a) des propriétés thrombogéniques en plus de la capacité athérogène.
Un facteur de risque reconnu
Un taux plasmatique élevé de Lp(a) est reconnu comme un facteur de risque de maladie cardio-vasculaire. Mais ce facteur de risque est influencé par des facteurs proathérogènes et prothrombotiques, tant génétiques qu'environnementaux, y compris l'âge, le sexe et l'ethnie.
La relation entre la Lp(a) et le risque de maladie vasculaire chez les sujets âgés n'est pas encore élucidée.
Ariyo (Heart-Masters à Dallas et l'hôpital Johns Hopkins à Baltimore) et coll. ont étudié cette relation dans la population âgée américaine. Leur vaste étude prospective apporte de nouvelles indications de risque chez les hommes âgés et confirme l'influence du sexe sur ce facteur de risque.
Les investigateurs ont utilisé une grande étude prospective (Cardiovascular Health Study), débutée en 1987, évaluant les facteurs de risque et des conséquences cardio-vasculaires chez les personnes âgées de plus de 65 ans. Cette étude porte sur 5 888 sujets vivant chez eux, recrutés par randomisation dans quatre centres hospitaliers américains. Pour leur travail, Ariyo et coll. ont retenu les 3 972 personnes (2 375 femmes et 1 597 hommes) sans maladie vasculaire à l'enrôlement et dont la Lp(a) plasmatique initiale avait été dosée.
Ces 3 972 sujets âgés ont été suivis pendant sept ans et demi, en moyenne, afin d'évaluer la survenue d'AVC et de décès (par maladie vasculaire ou autre cause). Les résultats montrent une forte association chez les hommes âgés entre la Lp(a) et la survenue ultérieure d'événements vasculaires.
Trois fois plus de risque d'AVC
En effet, comparés aux hommes situés dans le quintile le plus faible du taux de la Lp(a), ceux qui sont dans le quintile le plus élevé ont trois fois plus de risque d'AVC (RR = 3, IC 95 % 1,59 à 5,65), presque trois fois plus de risque de décès de cause vasculaire (RR = 2,54, IC 95 % : 1,59 à 4) et presque deux fois plus de risque de décès de toutes causes (RR = 1,76). Ces risques sont à peu près les mêmes après ajustement en fonction de l'âge et des facteurs de risque cardio-vasculaires traditionnels. En revanche, chez les femmes âgées, l'analyse ne révèle aucune association entre la Lp(a) et les événements vasculaires ultérieurs. Cette différence entre les hommes et les femmes n'est pas encore expliquée.
La force de cette étude réside, entre autres, dans sa taille et la sélection de participants âgés vivant à leur domicile, sélectionnés au hasard. Toutefois, la majorité étant d'ethnie blanche, les données s'appliquent à la population âgée américaine blanche.
« Ces résultats plaident pour utiliser les taux sériques de la lipoprotéine Lp(a) afin de prédire le risque d'événements vasculaires chez les hommes âgés », concluent les investigateurs.
« New England Journal of Medicine », 27 novembre 2003, pp. 2108 et 2089.????
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