PEINTRE français d’origine allemande, coloriste hors pair au trait libéré et rythmé, qui, après la guerre, voulait traduire les souffrances au moyen d’une peinture informelle faite de «grandes masses brunâtres ou noires», Hans Hartung est considéré comme le chef de file de l’abstraction lyrique. Ses toiles, à la touche fluide, au graphisme puissant, témoignent d’un travail singulier sur la matière.
Hartung expérimenta toutes les techniques, tous les procédés : encre, pastel, peinture à l’huile, vinyle, acrylique, qu’il répandait sur ses toiles au moyen d’un pistolet, d’un balai, de branches de genêt… Les grandes formes qui balaient ses toiles, hachées ou tourbillonnantes, striées ou géométriques, étaient pour le peintre un moyen de «fixer le dynamisme et la constance des forces qui créent la matière, la lumière, l’esprit».
Deux musées des Beaux-Arts ont offert la parole à des historiens d’art, qui livrent leur point de vue sur l’oeuvre de Hartung. A Dunkerque d’abord, une carte blanche a été donnée à Franz W Kaiser, directeur des expositions du Gemeentemuseum de La Haye, qui a conçu l’exposition comme une rétrospective, en proposant 76 oeuvres de Hartung, s’étendant de 1933 à 1989. Des dessins préparatoires à l’encre de Chine, des peintures, des fac-similés et des carnets de croquis qui dialoguent entre eux. Kaiser a souhaité montrer «à quelle complexité, à quelle stupéfiante beauté [Hartung] a pu atteindre avec une méthode systématique devenue, à la fin de sa vie, complètement libérée».
Quant aux musée des Beaux-Arts d’Angers, il réunit 190 travaux de Hartung de 1920 à 1989, choisis par trois commissaires d’expositions d’art contemporain. Vincente Todoli, directeur de la Tate Modern, à Londres, s’intéresse à l’autoportrait réalisé par Hans Hartung en 1976. Anne Pontégnie, critique d’art et chargée de mission pour la Fondation du roi Baudouin, a choisi d’explorer la production des oeuvres conçues en 1973, année marquée par un désir ardent de renouvellement et d’invention. Enfin, Patrick le Nouëne, directeur des musées d’Angers, a désiré mettre en valeur de rares aquarelles abstraites et informelles des années 1920, proches du romantisme et de l’expressionnisme abstrait allemand, dans lesquelles triomphe la gestuelle spontanée, si caractéristique du style Hartung.
– Musée des Beaux-Arts, 14, rue du Musée, 49100 Angers. Jusqu’au 28 mai.
– « Hartung, carte blanche à Franz-W. Kaiser », musée des Beaux-Arts, place du Général-de-Gaulle, 59140 Dunkerque. Tél. 03.28.29.21.65. Jusqu’au 30 avril.
– A lire : Hartung x 3, 320 pages, 44 euros, éd. Expression contemporaine.
- A voir aussi : le nouvel accrochage des collections du Laac (Lieu d’art et d’action contemporaine) de Dunkerque, ouvert en juin dernier, et qui propose de beaux ensembles d’oeuvres de Hans Hartung (entre autres).
– A venir, du 18 mai au 1er juillet, les peintures de Hans Hartung à la galerie Berthet-Aittouarès, 29, rue de Seine, Paris 6e et à la galerie Aittouarès, 2, rue des Beaux-Arts, Paris 6e.
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