COMMENT améliorer la lutte antidopage, alors que « le phénomène est difficilement quantifiable et forcément sous-estimé** ? »« Il n'existe pas en France de données ou d'enquêtes épidémiologiques pertinentes permettant de faire une juste évaluation du phénomène de dopage. Cette absence de connaissance laisse donc place à l'irrationnel ou, au mieux, à l'approximation lorsqu'on évoque le sujet », estime la Fédération française d'athlétisme (FFA). Les seules données chiffrées proviennent actuellement des contrôles et du suivi longitudinal auquel sont soumis les athlètes de haut niveau. Ce « suivi de l'état de santé biologique de l'athlète » ( « à ne pas confondre avec une forme de contrôle antidopage », dit la fédération), qui donne lieu à trois examens annuels, a permis de déceler « des anomalies majeures permettant de suspecter des pratiques dopantes chez 4 à 5 % des athlètes », indique le Dr Frédéric Taouss, médecin fédéral et membre de la commission disciplinaire antidopage de la FFA.
Vers plus de transparence.
Mais ces chiffres ne signifient pas grand-chose. Lorsqu'un sportif prend une substance interdite (bénéficiant ou non d'une AMM), son médecin peut lui délivrer un certificat de contre-indication à la compétition, que l'athlète pourra décider de respecter ou pas. Ce qui lui permet, s'il le souhaite, d'échapper au contrôle et de « tricher » dans le cadre du suivi longitudinal.
Afin d'améliorer la lutte antidopage, Bernard Amsalem, président de la FFA, plaide pour la levée du secret médical concernant ces certificats. C'est également dans un dessein de transparence que la fédération souhaite que la fonction disciplinaire revienne à une instance indépendante comme le Cpld (Comité de prévention et de lutte contre le dopage), échappant ainsi au « giron fédéral » et à son « instinct de protection ». De plus, Bernard Amsalem estime que « les débats juridiques deviennent trop pointus pour une fédération d'amateurs comme la nôtre ».
Des médecins mal informés ?
Enfin, si la majorité des athlètes contrôlés positifs sont aujourd'hui des athlètes « ordinaires », ce ne sont pas pour autant des adeptes du dopage. « Si les sportifs de haut niveau sont généralement bien informés, les licenciés amateurs semblent beaucoup plus vulnérables », note le Dr Michel Marle, vice-président de la FFA, chargé de l'éthique et de la lutte antidopage. L'automédication est évidemment en cause (des médicaments antirhume qui semblent inoffensifs peuvent contenir de l'éphédrine ou de la pseudo-éphédrine, molécules interdites). Mais pas seulement. Si les athlètes doivent systématiquement informer leur médecin et leur pharmacien de leur qualité de sportif, et faire l'effort de lire les notices, la FFA souhaite attirer l'attention des médecins sur les produits autorisés ou non. « Les médecins restent très mal informés. Certains prescrivent encore des corticoïdes aux athlètes », regrette le Dr Marle. Alors, pour connaître in extenso la liste des substances interdites, rendez-vous sur les sites du ministère des Sports (www.jeunesse-sports.gouv.fr) et du Cpld (www.cpld.fr).
* Fouad Chouki a été contrôlé positif à l'EPO le 27 août à l'issue de la finale du 1 500 m des Mondiaux 2003. La FFA a prononcé à son encontre une suspension de 18 mois ferme, qui le prive de jeux Olympiques. Il avait fait appel en clamant son innocence.
** Selon l'expression du Pr Jacques de Ceaurriz, directeur du Laboratoire national de dépistage du dopage de Châtenay-Malabry.
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