ALORS QUE l'épidémie de légionellose dans le Pas-de-Calais touche probablement à sa fin, l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) a choisi de consacrer une audition publique à cette maladie. La ministre de l'Ecologie, Roselyne Bachelot, s'est déclarée « raisonnablement optimiste sur l'issue des événements », compte tenu du ralentissement du rythme de déclaration des nouveaux cas et du fait que ceux qui ont été annoncés concernent des patients dont les premiers symptômes déclarés remontaient au début de janvier. Pour le ministre de la Santé, Jean-François Mattei, il convient cependant « de rester extrêmement prudent sur les explications et les conclusions définitives ». La vigilance semble devoir rester de mise. L'audition d'Opecst n'avait pas pour but de « juger de ce que font les autorités du Pas-de-Calais » selon son président, le député Claude Birraux, mais plutôt de faire le point sur les connaissances sur cette maladie, et notamment sa propagation et sa prévention. « Depuis 1997, le ministère de la Santé a mis en place des actions pour faire face à la légionellose », rappelle Jean-François Mattei. Il s'agit notamment de l'obligation de déclaration, qui permet, si on détecte des cas groupés, de rechercher rapidement les sources de contamination en comparant les empreintes génétiques des souches. « Depuis 2000, les délais de déclaration sont de plus en plus courts et le diagnostic plus précoce, ce qui permet d'identifier la source plus vite », explique le Pr Jérôme Etienne, du Centre national de référence des légionelles de Lyon. Pour l'épidémie du Pas-de-Calais, la source de contamination a pu être identifiée dès le lendemain de l'annonce du deuxième cas et l'usine a été immédiatement arrêtée sur ordre du préfet.
Les tours aéroréfrigérantes recensées.
De nouvelles actions ont été engagées à la suite des épidémies de Montpellier et de Poitiers de cet été. Dans le cadre du Programme de prévention de la légionellose, le ministère de l'Environnement va lancer dans les prochains jours le premier recensement exhaustif des tours aéroréfrigérantes, à l'origine de plusieurs des épidémies qui ont eu lieu ces dernières années, dont celle du Pas-de-Calais. « Ce recensement sera terminé pour la fin du mois d'avril. Il inclut l'ensemble des tours, quelle que soit leur taille, c'est-à-dire les tours soumises à autorisation, celles soumises à déclaration, mais aussi celles trop petites pour être soumises à la législation des installations classées pour la protection de l'environnement, qui font l'objet de l'amendement déposé il y a deux semaines au projet de loi de santé publique », a annoncé la ministre Roselyne Bachelot. Afin d'améliorer la prévention, un décret créant une rubrique spécifique aux tours aéroréfrigérantes dans le droit des installations classées et un arrêté ministériel détaillant les règles à respecter seront adoptés courant mai, selon la ministre. Dans le cas de Noroxo, à Harnes, la reprise des contaminations après la réouverture de l'usine et malgré le nettoyage complet du circuit de refroidissement des tours montre que les réglementations doivent être précisées. Enfin, en ce qui concerne la recherche, le séquençage de la souche dite Paris, en cours à l'Institut Pasteur, devrait permettre de faire progresser la connaissance de cette pathologie.
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