EN CAS d'hépatite B chronique, un traitement par interféron permet de réduire notablement les complication hépatiques mettant en jeu le pronostic vital, même si les données concernant le carcinome hépatocellulaire sont moins précises. Mais l'utilisation de cette molécule est restreint par son coût, ses effets secondaires et, en cas de cirrhose, par le risque d'insuffisance hépatique lors de poussées d'hépatite. Ces obstacles ne s'appliquent pas aux antiviraux, notamment la lamivudine. S'appuyant sur ce principe, un groupe international de chercheurs du sud-est asiatique, Yun-Fan Liaw et coll., a pu montrer un bénéfice de cet antiviral chez des patients porteurs du virus B de façon chronique au stade de la cirrhose ou de la fibrose hépatique avancée.
Les investigateurs ont enrôlé 651 patients, de plus de 16 ans, dans un essai prospectif, randomisé en double aveugle contre placebo. Par tirage au sort, sur trois patients, deux recevaient 100 mg par jour de lamivudine et un le placebo, soit respectivement 436 et 215 sujets. La durée moyenne de traitement a été 32,4 mois. L'essai a été interrompu prématurément devant les bons résultats thérapeutiques.
Aggravation chez 7,8 % des patients sous antiviral.
L'objectif primaire du travail était le temps écoulé avant la progression de la maladie vers : une décompensation hépatique, un carcinome hépatocellulaire, une péritonite bactérienne spontanée, un saignement sur varices gastro-intestinales ou un décès par hépatopathie. L'un de ces critères d'aggravation était présenté par 7.8% des patients sous l'antiviral contre 17.7% de ceux sous placebo. Le score de Child-Pugh s'est élevé chez 3,4 % dans le groupe de sujets effectivement traités et chez 8,8 % de ceux de l'autre groupe. Un carcinome hépatocellulaire, enfin, est survenu chez 3,9 % des patients sous lamivudine et chez 7,4 % de ceux sous placebo. Les auteurs précisent à ce propos qu'un traitement plus prolongé et plus puissant semble nécessaire pour évaluer la prévention de survenue d'un cancer hépatique. Une remarque qui s'applique également à la mesure des survies et à la définition d'un groupe de patients qui tirent le meilleur profit du traitement.
La réserve théorique la plus importante concernant cet essai thérapeutique se fondait sur la survenue de mutations Ymdd, qui confèrent au virus une résistance génotypique. Ces mutations, décrites lors de traitements prolongés, ont été associées à des poussées d'hépatite sévères, voire fatales. L'étude montre que, même en cas d'apparition des mutations, les complications recherchées par les investigateurs survenaient moins souvent que dans le groupe sous placebo. Toutefois, les patients porteurs de virus mutés ont eu un score de Child-Pugh plus souvent supérieur à celui de ceux indemnes de mutations. De même, leur mortalité a été plus élevée. Ces aggravations pourraient s'expliquer par une reprise de la réplication du virus B.
« New England Journal of Medicine », vol. 351, n° 15, 7 octobre 2004, pp. 1521-1531.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature