L'ostéoporose touche une femme sur trois et un homme sur huit. Si elle se manifeste tard dans la vie, sa prévention commence dans l'enfance : c'est le message que veut faire passer la Fondation internationale contre l'ostéoporose (FIO), qui regroupe 124 sociétés dans le monde, à l'occasion de la Journée mondiale, le 20 octobre.
Un rapport du Pr Jean-Philippe Bonjour (hôpital universitaire de Genève) fait le point sur le développement osseux chez les enfants. Il est intitulé « Investissez dans vos os », thème choisi pour cette journée aux intentions éducatives. Selon le rapport, en effet, une augmentation de 10 % du pic de masse osseuse chez l'enfant réduit le risque de fracture ostéoporotique de 50 %. Et chez les filles, il se forme autant de tissu osseux entre 11 et 13 ans qu'il s'en perd durant les 30 ans suivant la ménopause. Le calcium est essentiel, certes, au bon développement osseux mais d'autres facteurs jouent aussi un rôle : un style de vie sédentaire (trop de télé et de jeux vidéo) est mauvais alors que les enfants et adolescents qui font régulièrement de l'exercice ont une masse osseuse significativement supérieure. La masse osseuse minérale du rachis est multipliée par cinq chez les filles entre 11 et 14 ans et chez les garçons entre 13 et 17 ans. Et bien sûr, éviter le tabac à l'adolescence est un moyen de réduire le risque de fracture plus tard dans la vie.
De nombreuses manifestations sont prévues dans le monde pour faire passer le message de prévention, que la reine Rania de Jordanie, ambassadrice de la FIO et tout récemment récompensée pour cela par le prix italien de « réalisation humaine », résume en ces termes : « L'ostéoporose se manifeste tard dans la vie mais se construit dans l'enfance. La prévention commence tôt, chez les jeunes filles qui encourent un plus grand risque quand elles vieillissent. Les enfants qui construisent des os forts investissent dans la santé durable de leurs os. » La FIO diffuse un test minute pour savoir si l'on est à risque d'ostéoporose (voir encadré). Une exposition d'Oliviero Toscani, connu notamment pour ses photos des publicités provocatrices de Benetton, sera lancée demain à Rome (musée Pigorini) et se promènera ensuite dans plusieurs pays, dont la France : des photographies de 3 mètres de haut de 21 patients ostéoporotiques nus !
Attention aux fractures et au tassement vertébral
En France, le Groupe de recherche et d'informations sur les ostéoporoses (GRIO) a choisi de centrer son action sur les femmes ménopausées qui ont eu une fracture au cours de l'année, en leur demandant : « Avez-vous été orientée vers un diagnostic de l'ostéoporose ? » Chaque année, rappelle-t-il, 130 000 femmes sont victimes de fractures et seulement 20 % ont un dépistage de l'ostéoporose. Ce dépistage ne peut se faire par une radiographie standard et il faut avoir recours à l'ostéodensitométrie qui, regrettent les médecins du GRIO, n'est pas remboursée par la Sécurité sociale et donc peu prescrite, alors que la France est le pays le mieux équipé en la matière. « Réduire une fracture sans se préoccuper de ce qui l'a causée revient à traiter l'effet mais pas la cause, insistent-ils. On n'imagine pas voir sortir de l'hôpital un patient ayant fait un infarctus sans en chercher la cause. C'est ce schéma qu'il faut appliquer à l'ostéoporose. »
Chez les femmes ménopausées, toute fracture doit donc éveiller les soupçons. De même, pour les hommes comme pour les femmes, ce qu'on appelle « tassement vertébral » et que le GRIO préfère nommer « fracture vertébrale ». S'il est fréquent de perdre 2 ou 3 cm en vieillissant, une diminution plus importante doit alerter. D'où « le bon conseil » du GRIO au public : « Demandez à votre médecin de vous mesurer et comparez votre taille présumée et votre taille effective. Si vous constatez un écart supérieur à 3 cm, parlez-en à votre médecin. Et à l'avenir, vérifiez régulièrement que votre taille ne diminue pas. »
Parmi les manifestations prévues dans l'Hexagone, citons la « maison de pépé , une maquette pour donner des idées d'aménagements permettant de réduire les risques de chutes des personnes âgées : une idée des centres hospitaliers de Lille, Valenciennes, Berck et Amiens qui se sont unis pour marquer de façon exemplaire la journée mondiale et organiseront différents ateliers pour sensibiliser aux risques et aux moyens de prévention. L'ostéoporose constitue « un enjeu majeur du fait de son impact dévastateur, alors qu'il s'agit d'une maladie relativement négligée », commente le Pr Eric Houvenagel (CHR de Lille).
Un test rapide du risque
La Fondation internationale contre l'ostéoporose* diffuse un test en dix questions pour savoir si on court un risque d'ostéoporose.
1 - Votre père ou votre mère se sont-ils fracturé le col du fémur à la suite d'un choc ou d'une chute sans gravité ?
2 - Vous êtes-vous fracturé un os à la suite d'un choc ou d'une chute sans gravité ?
3 - Avez-vous été sous corticoïdes (cortisone, prednisone, etc.) pendant plus de trois mois ?
4 - Votre taille a-t-elle diminué de plus de 3 cm ?
5 - Buvez-vous régulièrement de l'alcool (au-delà des limites raisonnables) ?
6 - Fumez-vous plus de 20 cigarettes par jour ?
7 - Souffrez-vous de diarrhées à répétition (liées notamment à la maladie coeliaque ou à la maladie de Crohn) ?
Pour les femmes
8 - Avez-vous commencé votre ménopause avant l'âge de 45 ans ?
9 - Vos règles se sont-elles interrompues pendant douze mois ou plus (pour une autre raison que la grossesse) ?
Pour les hommes
10 - Avez-vous souffert d'impuissance, d'un manque de libido ou d'autres symptômes liés à un faible niveau de testostérone ?
Une réponse « oui » à l'une quelconque de ces questions indique un risque potentiel d'ostéoporose, et il est alors recommandé de consulter son médecin qui déterminera si d'autres examens sont nécessaires.
* Secrétariat à Lyon, tél. 04.72.91.41.77, fax 04.72.36.90.52. www.osteofound.org, info@ioflyon.org.
Une exposition à l'Ordre des pharmaciens
Du 18 au 22 octobre, l'Ordre des pharmaciens accueille l'exposition « L'os vivant », présentée par le Comité d'éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française (CESSPF) et coproduite par l'Espace des sciences, la Fondation pour la recherche médicale et le palais de la Découverte. Le CESSPF a en outre constitué un groupe de travail qui doit concevoir et mettre en place un programme de formation adapté pour les pharmaciens.
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