> Cinéma
« A TOUT DE SUITE », c'est ce que dit au téléphone la jeune héroïne de 19 ans, au garçon dont elle est tombée brutalement amoureuse. Elle n'imagine pas où cet « A tout de suite » va l'entraîner, elle la jeune bourgeoise qui ne connaît rien de la vie. L'histoire que raconte Benoît Jacquot est vraie*, il l'a découverte en regardant une émission de télévision. « Captivé », il a décidé d'en faire un film avec Isild Le Besco. Il a choisi les années 1970 pour mieux pouvoir la raconter et parce que ce sont les années de sa jeunesse, et la vidéo digitale et le noir et blanc, pour, en dehors de l'esthétisme, situer l'époque et régler la majorité des problèmes de reconstitution.
La jeune fille est amoureuse d'un braqueur et la voici en cavale, de Madrid à Tanger et à la Grèce. Ce n'est pas un road-movie. Ce qui intéresse le réalisateur, ce n'est pas l'errance, mais le regard que pose cette jeune fille sur des lieux qui n'existent pas pour elle, qui ne l'intéressent pas puisqu'elle est toute entière vouée à sa passion.
L'héroïne, qui n'a pas de prénom, pas plus que les autres personnages, « cherche la vraie vie, comme s'il y en avait une, explique Benoît Jacquot. En fait, elle croit qu'il faut se fabriquer "sa" vie, et à tout prix. C'est un sentiment poétique de l'existence. C'est un personnage poétique dans une histoire très romanesque. »
Cinéaste toujours personnel, même quand il adapte Henry James (« les Ailes de la colombe ») ou Marivaux (« la Fausse suivante »), Benoît Jacquot aime organiser ses films autour d'un personnage, et le plus souvent d'une actrice. Ici, c'est Isild Le Besco, qu'il retrouve après « Sade » et « Adolphe ». Elle apporte à ce rôle une extraordinaire fraîcheur. On partage ses espoirs et ses déceptions. On découvre la vraie vie avec elle.
* Elisabeth Fanger, qui l'a vécue, la raconte dans « J'avais dix-huit ans », que vient de publier Ramsay.
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