POUR LA PREMIERE édition des Rencontres sociales du Sénat, la Haute Assemblée a proposé une table ronde intitulée « Le patient au coeur du dispositif médical ».
Le sujet intéresse aussi bien les médecins, les institutions de santé, les représentants des usagers que les industriels du secteur.
Ce nouveau patient roi, souvent internaute averti, n'est finalement pas aussi mal informé qu'on a coutume de le dire. Selon un sondage CSA (Cf. encadré), 68 % des Français s'estiment même « très bien » ou « assez bien » informés pour être capables de s'orienter dans le parcours de soins (8 % se sentent très mal informés). Leur niveau de connaissance est également satisfaisant, pour ce qui est de la qualité des soins pratiqués dans les établissements (les deux tiers d'entre eux se disent très bien ou assez bien informés). Pour Stéphane Rozès, directeur de CSA Opinion, si « la réforme bouscule nos compatriotes », ils ont malgré tout le sentiment que « leur niveau d'information et de maîtrise est bon ». Corollaire encourageant pour le gouvernement : toujours selon Stéphane Rozès, les Français « ont bougé depuis dix ans » en acceptant progressivement l'idée que le système de santé et de Sécu devait se réformer ou du moins « s'adapter ».
Strapontin.
Pour la plupart des experts, la montée en puissance de ce patient-usager, éventuellement « consommateur » exigeant de soins, aura des répercussions de plus en plus visibles.
La représentation institutionnelle est une revendication forte des patients, encore largement déçue. « Nous ne sommes qu'au tout début du mouvement, analyse Jean-Luc Bernard, président du Collectif interassociatif sur la santé (Ciss), qui regroupe vingt-quatre associations. La présence des usagers au Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie est un strapontin, car cet organisme n'a plus de pouvoir. En revanche, nous avons été mis à l'écart de l'Uncam » (Union nationale des caisses d'assurance-maladie où se situe le pouvoir opérationnel).
Les représentants des usagers auraient pourtant des choses à dire. Sur les nouveaux protocoles de soins ALD, par exemple. « Ils sont loin d'être prêts, s'emporte Jean-Luc Bernard. Comment va-t-on gérer la période transitoire ? » La transparence tarifaire est une autre exigence à l'heure de parcours de soins pas toujours lisibles. « Nous voudrions que les professionnels affichent systématiquement leurs tarifs. »
Des critères simples, lisibles.
La création de la Haute Autorité de santé a répondu, d'une certaine façon, à ce besoin croissant de pédagogie, de transparence et de justification des arbitrages auprès du grand public (notamment en matière de remboursement). Laurent Degos, président de la Haute Autorité, s'en explique. « Nous avons deux grandes missions : la première consiste à certifier, à labelliser, à marquer. La deuxième consiste à faire des recommandations. Il y a un besoin permanent de clarification à l'heure où le progrès médical souffle très fort. » Ainsi, souligne-t-il, « nous n'avons jamais dit que les médicaments à dérembourser étaient inefficaces, mais qu'il fallait faire des choix ». Autre signe qui ne trompe pas : d'ici à l'été prochain, la Haute Autorité prendra position sur la question sensible de l'évaluation comparée des services et des établissements, alors que des classements plus ou moins fiables fleurissent régulièrement dans les médias. « Nous utiliserons une dizaine ou une vingtaine de critères simples, lisibles, pour que le patient sache où il met les pieds », explique le Pr Degos. Informer le patient toujours.
Les industriels ne sont pas en reste pour s'adresser aux patients sans filtre ni détours. Véronique France-Tarif est responsable chez Pfizer des relations avec les associations de patients. En soutenant des projets et des partenariats concrets (refonte de site internet, aide à la réalisation de brochure, journée de sensibilisation à une maladie), le laboratoire, explique-t-elle, cherche un « contact plus direct pour connaître les besoins » des patients.
Avec le vieillissement de la population, le maintien à domicile fera de plus en plus partie de ces attentes. « Les gens veulent mourir chez eux, rappelle Murielle Haïm, gériatre et directrice des relations extérieures chez MSD. La domotique (informatique appliquée aux divers systèmes destinés à faciliter la vie quotidienne) peut apporter une solution intelligente. »
Mieux payé, mieux soigné, pensent les Français
Les Français estiment à 71 % que l'on est mieux soigné lorsque l'on dispose de revenus importants, selon un sondage CSA réalisé le 12 octobre auprès d'un échantillon représentatif de 1 003 personnes (méthode des quotas). Ils sont par ailleurs 67 % à penser que l'assurance-maladie doit continuer à prendre en charge tous les assurés, quel que soit leur comportement (tabac, alcool, comportements à risque) ; seulement 31 % jugent en revanche que l'assurance-maladie doit pénaliser les assurés qui mettent en danger leur santé.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature