Plus que la prostitution en elle-même, ce sont surtout les facteurs de vulnérabilité associés qui impactent la santé des personnes prostituées. Tel est le constat dressé par la Haute Autorité de santé dans un rapport publié ce lundi. À la demande de la Direction générale de la santé, l'institution a compilé des connaissances sur l'état de santé des travailleurs du sexe, en concertation avec des représentants d'associations et de professionnels de santé, afin de « contribuer à une politique de santé adaptée à leurs besoins notamment au travers de la définition d'une politique de réduction des risques ».
Le risque d’IST corrélé aux autres facteurs de vulnérabilité
Premier constat : « La prostitution ne constitue pas en soi un facteur de risque d'infection par le VIH », indique la HAS, et c'est uniquement lorsqu'elle est associée à d'autres facteurs de vulnérabilité psychologique ou de précarité sociale économique ou administrative que ce risque augmente. En effet, « ces difficultés amènent souvent ces personnes à céder aux pressions de leur entourage ou aux clients et à accepter, par exemple, un rapport sexuel non protégé ».
Si le niveau d'information sur l'infection par le VIH « semble satisfaisant », l'autorité de santé remarque que les risques liés aux autres infections sexuellement transmissibles « semblent beaucoup moins connus ». Par ailleurs, s’il existe peu de chiffres sur la prévalence des infections VHB/ VHC chez les personnes en situation de prostitution/TDS, quelques données européennes disponibles semblent indiquer que ces personnes sont davantage vaccinées contre le VHB que la population générale.
Une consommation de tabac et de cannabis au-dessus de la moyenne
Autre constat : si les personnes en situation de prostitution ne boivent pas davantage d’alcool que la population générale, leur consommation de tabac et de cannabis s’avère plus élevée. En effet, 46 % des femmes, 65 % d’hommes et 51 % des transgenres en situation de prostitution/TDS sont fumeurs de tabac.
Les données concernant la consommation des autres drogues restent limitées dans cette population mais pour la HAS, « la consommation de drogues dans le cadre des rapports sexuels (notamment drogues de synthèse) pourrait être à l’origine de prises de risques importantes ».
Une activité qui surexpose aux violences physiques et verbales
De plus, les personnes en situation de prostitution sont davantage victimes d’injures, de menaces et de violences physiques, surtout lorsque l’activité est exercée dans la rue. « La prévention de ce type de violences demeure donc un axe important de l’amélioration de leur prise en charge », estime la HAS qui souligne par ailleurs l’impact majeur des facteurs de vulnérabilités sociales sur les risques sanitaires « La précarité économique et sociale à un impact sur la capacité des personnes en situation de prostitution à refuser des rapports sexuels non protégés, sur leur accès à une couverture d’assurance maladie (par manque d’information ou en raison de la complexité des démarches administratives à entreprendre), à l’information médicale et aux soins ainsi que sur leur accès au logement. » De même, la clandestinité ou l’activité dans des zones isolées augmente le risque d’accepter des rapports sexuels non protégés et le risque de violences. Enfin, « la prostitution occasionnelle et le démarrage de cette activité correspondent à des situations de vulnérabilité accrue en raison d’un isolement plus grand ».
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