« LE FORMAT retenu est le rapport d’orientation n’établissant pas de recommandations mais permettant de définir des propositions », prévient la HAS. La Haute Autorité répond à une demande de la direction générale de la Santé, inquiète de la recrudescence des cas de gonococcies en France depuis les années 2000, dans un contexte général de recrudescence des infections sexuellement transmissibles et de progression des comportements à risque. La réflexion s’inscrit aussi dans le cadre du nouveau plan national de lutte contre le VIH/sida et les IST.
Faute d’éléments suffisants, la HAS a préféré répondre à la requête des autorités sanitaires en réalisant un état des lieux des données disponibles et en proposant différentes stratégies de dépistage. En effet, l’absence de données ne lui permet pas d’appliquer les critères de l’OMS quant à la pertinence d’un programme de dépistage : maladie dont l’histoire naturelle est connue et ayant des conséquences graves, accessible à un traitement efficace codifié, pouvant être diagnostiquée efficacement à une phase précoce et de latence par un examen non invasif et peu coûteux.
Les données des trois réseaux de surveillance : Rénago (Réseau national des gonocoques constitué par les laboratoires volontaires), RésIST (Réseau de cliniciens volontaires exerçant dans des CIDDIST) et Sentinelles (réseau de médecins généralistes) « ne permettent pas de calculer l’incidence et la prévalence totale de l’infection en population générale ou dans des sous-groupes à risque », souligne la HAS. De même, l’histoire naturelle de la maladie reste mal connue, en raison notamment des formes asymptomatiques chez la femme (50 % des cas), souvent diagnostiquées tardivement. « Les données disponibles ne permettent pas d’évaluer précisément la fréquence et la gravité des complications dans les deux sexes », souligne la HAS.
Utilisation des tests multiplex.
En dépit de l’augmentation de la résistance des souches de N. gonorrhoeae aux antibiotiques, un traitement « efficace et administré en une prise » existe, qui bénéficie d’un consensus médical. Il doit être associé à un traitement antichlamydia. De même, dans le cadre d’un dépistage, les techniques d’amplification des acides nucléiques (TAAN) semblent le plus adaptées. La HAS propose de privilégier l’utilisation des tests multiplex N. gonorrhoeae/C. trachomatis, compte tenu de la fréquence de ces coïnfections.
Les deux scénarios de dépistage que propose la HAS le sont « sous réserve d’une validation ultérieure ». Le premier consiste en un dépistage ciblé dans des sous-groupes de population présentant des facteurs de risque, comme les personnes dépistées ou diagnostiquées pour une autre IST, les personnes ayant des antécédents d’IST, les personnes porteuses du VIH, les homosexuels, les personnes ayant des comportements sexuels à risque. Le second préconise un dépistage de l’ensemble des personnes qui ont recours aux soins dans des structures de dépistage ou de prise en charge (CDAG-CIDDIST, centres de planification et d’éducation familiale, les centres d’orthogénie, les centres de santé sexuelle, etc.).
Quant au dépistage en population générale, la HAS indique que, « de manière consensuelle, dans les pays occidentaux, il n’y a pas d’intérêt » à sa mise en place du fait de la faible prévalence de la maladie.
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