9 000 décès par an
En France, les chutes sont responsables de plus de 9 000 décès par an chez les personnes âgées de 65 ans et plus. Dans cette même tranche d'âge, elles entraînent d'innombrables fractures et traumatismes sévères. Devant un premier épisode, le risque de retomber dans la même année est multiplié par vingt. Il est donc important que chaque praticien dépiste les personnes à risque et mette en place une véritable action de prévention, si nécessaire.
Station debout
A chaque instant, des informations sensorielles visuelles, vestibulaires et somesthésiques renseignent sur la posture. Elles sont analysées et intégrées dans les noyaux vestibulaires qui restituent un schéma positionnel. Si ce dernier ne correspond pas à un état de stabilité, l'organisme le corrige instantanément en modulant l'action des muscles antigravitationnels.
Tous les étages de cette boucle d'équilibration peuvent être touchés par le vieillissement. L'excitabilité vestibulaire est progressivement altérée par la diminution du nombre de cellules dans les saccules, utricules et canaux semi-circulaires. La sensibilité somesthésique se dégrade par l'atteinte des fuseaux musculaires proprioceptifs et de l'extéroception cutanée plantaire. Les afférences visuelles sont touchées par une diminution de la perception du mouvement et des contrastes. Avec l'âge, le rôle de la vision va cependant devenir de plus en plus prédominant par rapport aux autres mécanismes sensoriels de maintien et de contrôle de la posture.
Ils s'arrêtent
L'étage intégrateur des noyaux vestibulaires et cérébelleux subit les effets du vieillissement cérébral (diminution de 3 % par décade???décénie??? du nombre des neurones). Ces modifications induisent un temps de réaction allongé. Quelques tests simples explorant la dégradation des fonctions cérébrales sont, en cas de mauvais résultats, prédictifs d'un risque de chute accru. Par exemple, à un certain stade, les personnes âgées éprouvant des difficultés pour mener de front deux actions simultanées s'arrêtent de marcher pour parler. Cette constatation s'accompagne d'un risque de chute multiplié par quatre dans les six mois.
L'âge intervient enfin sur les effecteurs en s'accompagnant d'une diminution de masse musculaire, du nombre d'unités motrices et de leurs capacités enzymatiques. Il en découle une diminution de force et de puissance qui nuit au contrôle de l'équilibre statique et dynamique.
La résultante de ces perturbations liées à l'âge sera donc une altération complexe du contrôle postural.
Retarder, corriger
Le Dr Hubert Blain (Montpellier) rapporte plusieurs études prouvant que la pratique régulière d'une activité physique améliore le contrôle postural via différents mécanismes touchant à la fois l'étage moteur et sensoriel.
L'une d'elle est particulièrement informative. Elle a été menée chez 40 sujets de plus de 60 ans répartis en trois groupes en fonction de leurs habitudes.
Le groupe 1 est composé de pratiquants d'activités régulières proprioceptives (gymnastique, yoga). Le second concerne les adeptes d'activités bioénergétiques (natation, vélo, jogging). Les sédentaires constituent le troisième groupe. Des tests dynamiques réalisés sur plate-forme explorent leurs stratégies de maintien de l'équilibre. Les premiers démontrent une grande stabilité, avec régulation de l'équilibre par mouvements des chevilles (stratégie de bas en haut). L'assurance des deuxièmes est moins bonne, avec développement d'une stratégie de haut en bas, favorisant l'ancrage visuel et les mouvements de hanche. Dans le troisième groupe, l'instabilité est plus fréquente, marquée par la nécessité de se tenir ou de récupérer l'équilibre en faisant un pas en avant. Ces données sont confirmées par les enregistrements EMG, qui démontrent que la pratique régulière d'une activité physique entraîne un raccourcissement du délai de réponse musculaire due au réflexe myotatique (proprioception musculaire). La déstabilisation étant détectée plus rapidement par les muscles antigravidiques, la latence de la réponse est réduite.
Outre cette action sur la proprioception, les tests de stimulation vestibulaire démontrent que ces activités développent et améliorent aussi la sensibilité vestibulaire. L'importance relative des afférences visuelles dans le contrôle postural en est réduite.
Gymnastique douce
La force musculaire et la puissance des membres inférieurs sont également améliorées par l'activité, même si cette dernière a commencée récemment.
Les auteurs en concluent que l'activité physique, en particulier la gymnastique douce et ses dérivés (tai-chi) et, à un moindre niveau, les activités bioénergétiques améliorent le contrôle postural et que leur pratique réalise une prévention efficace des chutes.
Troubles de l'équilibre d'origine sensorielle. Une réunion organisée au centre Ulysse, Lamalou-les-Bains.
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