Qu’est-ce qui se passe dans la vie d’un couple lorsqu’il découvre que son enfant unique est atteint d’une maladie mortelle ? Il y a une demi-douzaine d’années, c’est exactement ça qui est arrivé à Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm lorsqu’ils apprirent que leur fils Gabriel, 18 mois, était atteint d’une forme aussi rare qu’agressive de tumeur maligne cérébrale. Le genre de tuile que redoute tout parent normalement constitué, et dont le récit porté à l’écran ferait fuire, même le cinéphile le plus assidu...
En dépit de son thème a priori bien peu cinégénique, Valérie Donzelli a pourtant eu le culot de faire un film de cette histoire vécue par elle, par son ex-compagnon (pour l’occasion de nouveau partenaire à l’écran) et par leur petit garçon âgé aujourd’hui de huit ans, et qui apparaît au début et à la fin du film.
Cette authenticité fait de « La guerre est déclarée », sorti au cinéma cette semaine, l’événement de cette rentrée dans les salles obscures. Il semble d’ailleurs avoir déjà trouvé son public. Après avoir conquis les spectateurs lors de sa projection au Festival de Cannes, il a déjà été primé dimanche dernier au Festival du film francophone d’Angoulême. Et depuis mercredi, le bouche à oreille semble fonctionner.
Un rythme à couper le souffle
Il faut dire qu’on ne s’ennuie pas une seconde en regardant ce long métrage. Et même s’il emmène le spectateur dans les couloirs de la Timone, les services de Necker et les salles de soins de l’Institut Gustave-Roussy de Villejuif , à aucun moment on ne regarde sa montre pour conjurer l’angoisse ou abréger le temps. Autour de leur petit bonhomme, rebaptisé Adam pour les besoins de la fiction, Jérémie Elkaïm et Valérie Donzelli (Roméo et Juliette dans le film), nous font revivre cette « drôle » d’histoire à un rythme intense, et comme accélérée par moment par des séquences musicales endiablées. Comme pour mieux souligner que la vie continue malgré tout et qu’on peut continuer d’exister et s’aimer autour d’un enfant malade.
Déni, refus, révolte, angoisse, espoir... Ces deux-là passeront par tous les sentiments. Mais à aucun moment ils n’abdiquent. Le ressort et la magie de ce film est qu’il est d’abord une histoire d’amour plus qu’une histoire de maladie. Finalement, c’est le récit d’un jeune couple bien dans son époque, qui entend continuer à vivre –et même plus intensément qu’avant- malgré tout ce qui lui tombe dessus. «On a évité le pathos parce qu'on voulait faire un film dans une pulsion de vie, pas dans une angoisse de mort», résume Valérie Donzelli qui signe ici son deuxième long-métrage après «La Reine des Pommes».
« Ce n'était pas l'histoire d'un enfant malade, mais celle de ses parents», insiste-t-elle.
A l’issue de cette épreuve, le couple n’a pas résisté. Mais l’enfant est guéri. Dédié aux équipes médicales de Marseille, de Paris et de Villejuif, ce film est aussi un hommage émouvant à l’excellence de l’hôpital public. Une histoire de vrais gens et de héros ordinaires.
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