Dans une première étude parue dans « Neurology », RW Haley et son équipe (Southwestern Medical Center, Dallas) ont examiné les données médicales de quelque 690 000 vétérans ayant participé à la guerre du Golfe. Ils ont identifié 20 cas confirmés de SLA, dont 17 diagnostiqués avant l'âge de 45 ans, c'est-à-dire bien avant l'âge classique de début de la maladie. Aucun des sujets ne présentait d'antécédent familial de SLA.
Pour le Dr Haley, il semblerait que, lors de leur participation à la guerre du Golfe, ces soldats américains aient été exposés à certains facteurs environnementaux ayant considérablement accéléré le processus d'apparition de la SLA, de sorte que celle-ci s'est manifestée plus précocement qu'il n'est de règle.
En se fondant sur les statistiques américaines en matière de mortalité, les auteurs ont, par ailleurs, relevé que, au cours de la même période, la prévalence de la SLA était demeurée stable parmi les groupes de population d'âge inférieur à 45 ans. Chez 13 des 17 sujets ayant déclaré la maladie avant cet âge, celle-ci a été diagnostiquée au cours des quatre dernières années de l'étude, menée sur huit ans. Pour Haley, « cette observation porte à penser qu'un délai d'environ quatre ans s'est écoulé avant que n'apparaissent les premiers symptômes de l'affection, ce qui pourrait expliquer l'inflexion vers le haut de la courbe de prévalence en fin d'étude ».
Un risque multiplié par deux
Une seconde étude publiée dans la même revue a été entreprise en 1998 par RD Horner (National Institute of Neurological Disorders and Stroke), à l'initiative du département américain des Anciens Combattants. Elle a été lancée après qu'un militaire de 35 ans, qui avait développé une SLA peu d'années la guerre du Golfe, eut demandé une pension d'invalidité, ayant appris que d'autres vétérans qui avaient pris part au conflit avaient également déclaré l'affection. Horner et son équipe ont donc été chargés de déterminer s'il existait une prévalence accrue de cas de SLA parmi les militaires ayant servi dans le Golfe.
Les résultats de cette étude ont confirmé les conclusions formulées par Haley. Ils montrent que le risque encouru par les forces militaires déployées dans la zone de conflit était près de deux fois supérieur à celui de la population générale.
D'autres travaux semblent nécessaires pour valider ces observations, car, comme le souligne le Dr MR Rose (King's College Hospital, Londres) dans un éditorial : « Pour impressionnant que paraisse ce doublement du risque de SLA, il convient de réaliser que cette estimation s'appuie sur un faible nombre de cas [...] et qu'elle peut donc avoir été faussée dans un sens ou dans l'autre par d'éventuels biais méthodologiques. ».
Quoi qu'il en soit, le département américain des Anciens Combattants a d'ores et déjà inscrit la SLA sur la liste des affections invalidantes indemnisables.
* RW Haley et coll., et RD Horner et coll. « Neurology », 23 septembre 2003.
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