ZENON
Jour de tristesse pour l'armée suisse : sans état d'âme, le haut commandement vient de décider pour 2003 la fin du seul régiment cycliste d'assaut qui soit au monde, le suisse ! Voilà trois mille soldats d'élite, dont les six mille mollets, après quinze jours d'entraînement surhumain, pouvaient tirer derrière et avec eux cette machine de guerre pédalante, dotée de sept vitesses et de freins hydrauliques.
Certes, on dit les montagnes suisses trouées comme un gruyère d'appellation, prêtes à s'entrouvrir pour laisser s'envoler des centaines d'avions d'attaque, mais cela ne vaut pas un vélo capable d'emporter à l'arrière le fusil-mitrailleur de son grimpeur de cols d'élite ! Si personne n'est en mesure de certifier qu'à l'instar du monstre du Loch Ness, le lac de Genève abrite un petit sous-marin nucléaire, les cyclistes armés pouvaient, s'il le fallait, embarquer sur leur machine un canon antitank. Et, à l'issue d'une course de 200 kilomètres avec tout le barda, s'ils étaient déclarés bons pour le service armé vélocipédique, on peut être sûr qu'ils n'étaient pas dopés au « pot belge » ou à la multiplication des globules rouges !
Les autorités helvétiques laisseront-elles à ces valeureux réservistes le seul droit coutumier de racheter leur vélo à l'issue de leur 42e année ? Au lieu de leur faire perdre le sens civique et de le revendre sur Internet à des collectionneurs, on devrait organiser un « Tour de Suisse » sur ces trois mille bécanes, même désarmées, et nul doute que le vainqueur d'une étape alpine reléguerait loin derrière lui la gloire entachée d'un Pantani !
Qui sait si l'un de ces hommes dépités n'utilisera pas à des fins liberticides les 24 cartouches qu'il a le droit de conserver à domicile avec son fusil-mitrailleur de service ? La détresse du citoyen-soldat à qui l'on a volé sa bicyclette peut être désastreuse.
Imaginez un quarteron de soldats perdus attaquant, à vélo et au canon antiblindé, les portes, puis les coffres d'une banque suisse. Le taux directeur n'y résisterait pas et la bourse de Bâle chancellerait. Une solution plus moderne serait d'alléger leur armement et de créer un régiment à trottinette, ou en patins à roulettes.
La vache suisse va être folle d'angoisse de ne plus se sentir protégée que par des piétons munis du couteau réglementaire de l'armée suisse... et ne regardera plus passer les trains de munitions...
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