JARHEAD, ainsi se surnomment les marines, dont la tête rasée est supposée ressembler à une jarre. « Jarhead », c’est le titre du livre à succès dans lequel Anthony Swofford raconte ses souvenirs de la guerre du Golfe : engagé à 18 ans, il fit partie deux ans plus tard, en 1990, de l’un des premiers bataillons envoyés sur place. Choisi pour porter le livre à l’écran, Sam Mendes dit avoir «surtout été sensible à son approche subjective de la guerre, vue à travers les yeux d’un homme à la recherche de lui-même». «J’ai été passionné, ajoute-t-il, par le mélange de machisme, d’humour, de situations surréalistes et d’observations très pointues.»
De ce récit de guerre «qui ne ressemblait à aucun autre», le réalisateur d’« American Beauty » et des « Sentiers de la perdition » a voulu faire «un film de guerre qui ne ressemblerait à aucun autre». Et il y a presque réussi. Comme Swofford, fils et petit-fils de militaires, a été marqué par les récits guerriers des générations précédentes, Mendes a subi les influences des cinéastes qui se sont attaqués à ce genre. Et il ne s’en cache pas, puisqu’il évoque directement « Apocalypse now » ou « Voyage au bout de l’enfer ». Et l’on peut reconnaître ici – la scène d’ouverture – le souvenir du « Full Metal Jacket », de Kubrick, là, celui du « Mash » d’Altman.
Des références dont l’utilisation est à mettre au crédit du réalisateur : il les mêle très habilement à sa description d’une guerre qui, pour ces combattants pressés d’en découdre, est sans ennemi visible.
Car ce que décrit « Jarhead », c’est la longue, très longue, interminable attente de jeunes gens formés à tuer (Swofford est promu sniper/éclaireur, en d’autres termes, tireur d’élite). Un groupe d’hommes à la fois avides de violence et apeurés, accros au rock et au porno, totalement frustrés. Comme eux, on se lasse un moment (le film dure deux heures) de ce désert vide. Est-ce un défaut ou une qualité, s’il s’agit de montrer l’envers du décor, ce qu’il y a derrière les images télévisées ou les clichés guerriers ?
Toujours est-il que Mendes, metteur en scène coté du théâtre britannique qui s’est bien adapté à la jungle hollywoodienne, sait diriger ses comédiens, tous excellents, de Jake Gyllenhaal à Chris Cooper en passant par Peter Sarsgaard, Jamie Foxx ou Lucas Black. Il sait aussi jouer des couleurs du désert (en l’occurrence, celui de Glamis, en Californie), qui offre un décor métaphysique à ce récit initiatique.
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