Environ 50 % de la population féminine est porteuse d’une maladie veineuse chronique. La grossesse peut aggraver une maladie veineuse déjà présente ou mettre à jour une maladie sous-jacente jusque-là ignorée. L’insuffisance veineuse superficielle est donc banale pendant la grossesse et généralement sans gravité.
La principale cause est hormonale. En effet, les estrogènes et surtout la progestérone entraînent une augmentation de la perméabilité capillaire associée à une dilatation des parois des veines ce qui conduit à un reflux veineux.
« Ainsi, les symptômes (douleur, lourdeur, pesanteur avec œdème…) et même les varices peuvent apparaître très précocement.
Contrairement à ce que l’on croit souvent, le poids du bébé est un facteur aggravant, mais pas suffisant. L’influence hormonale est prépondérante, et ce, dès les premiers jours de la grossesse » souligne le Dr Jean-Pierre Gobin (médecin vasculaire-phlébologue, Lyon).
Les troubles régressent partiellement à l’accouchement et surtout après le retour de couches, mais ils peuvent aussi se majorer au cours des grossesses suivantes. Chaque femme est différente et pour une même femme, chaque grossesse peut être différente.
« Il faut donc être vigilant pendant toutes les grossesses et ce dès le début. Interroger sur les facteurs aggravants, notamment l’hérédité familiale… »
Toutes les veines subissent l’influence de la grossesse et des bouleversements hormonaux qui l’accompagnent. Cela se manifeste surtout au niveau des membres inférieurs, mais il existe aussi des varices périnéales ou pelviennes et des hémorroïdes qui peuvent être volumineuses et douloureuses, plutôt en fin de grossesse, voire au moment de l’accouchement et après l’accouchement.
Le système veineux pelvien utéro-ovarien, sous l’influence hormonale et sur un terrain prédisposé, peut être responsable d’une stase avec une symptomatologie importante (lourdeur, douleur…).
Une compression adaptée et portée
Le traitement fait d’abord appel aux règles d’hygiène de vie recommandées.
Les veinotoniques (ceux qui n’ont pas de contre-indication chez les femmes enceintes) peuvent être prescrits pour améliorer la symptomatologie et essayer de limiter l’aggravation des troubles veineux.
« La compression médicale reste le traitement de choix qui apporte un soulagement notable. Elle doit être prescrite dès le début de la grossesse afin de prévenir l’apparition des varices. Elle doit être portée dès le lever, toute la journée. Il faut une compression forte. Les articles de classe 2 sont souvent insuffisants. La classe 3 est la plus adaptée, mais elle est parfois difficile à supporter. C’est ainsi que l’on est souvent amené à préconiser une compression superposée : un bas cuisse autofixant de classe 2, plus une chaussette de classe 2. En ce qui concerne les varices périnéales, elles sont très mal prises en charge. La seule solution c’est la vessie de glace pour diminuer l’inflammation. » déclare le Dr Jean-Pierre Gobin.
Les techniques radicales (traitements endoveineux par injection de micro-mousse sclérosante, laser ou radiofréquence) ne doivent pas être utilisées pendant la grossesse. En effet, les varices vont involuer après l’accouchement et après le retour de couches.
« Il y a quelques années, encore, la règle était de ne pas traiter les varices entre les grossesses. On attendait que la femme ne souhaite plus avoir d’enfants. Aujourd’hui, avec les nouvelles techniques beaucoup moins lourdes, on peut traiter les femmes entre deux grossesses. Si elles récidivent, on les traite à nouveau sans problème car la prise en charge est beaucoup plus simple. »
Enfin, les accidents thromboemboliques sont rares, mais graves pendant la grossesse. Leur traitement fait appel aux héparines de bas poids moléculaire : ne pas utiliser les AVK.
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