LE TERME DE « GRISAILLE » est largement répandu dans l'art, mais reste très peu connu du grand public. Il s'agit d'une technique artistique (remontant aux temps médiévaux) dite aussi chiaroscuro (clair-obscur), et qui consiste à peindre en camaïeux de gris (ou de bruns et de blancs parfois rehaussés de bleus, de jaunes ou de rouges), pour donner l'illusion du relief.
La grisaille s'utilise dans de très nombreuses circonstances : pour imiter des textures (le marbre par exemple), pour créer des camaïeux, pour esquisser une toile, pour exécuter des trompe-l'oeil… On s'en sert à la fois dans la réalisation du vitrail, dans les décors muraux, la peinture de chevalet, le dessin ou les arts décoratifs.
Le Musée des Augustins de Toulouse fait la lumière sur cette technique en regroupant une soixantaine de peintures « grisailles » réalisées en Europe entre le XVIe et le XIXe siècles.
La fonction de la grisaille a évolué au fil du temps, ainsi que nous l'explique le parcours. Au Moyen Age, on s'en servait pour cacher les scènes polychromes des retables pendant le carême. Sous la Renaissance italienne, les peintres rivalisaient d'habileté pour figurer les bas-reliefs antiques. Les artistes nordiques et flamands l'utilisèrent quant à eux comme préparation à la gravure.
Au XIXe, la grisaille fut très utilisée pour les ricordo (la copie d'une oeuvre célèbre). On ira à la rencontre de beaux exemples de grisaille comme un paysage de Wouwerman, une scène satyrique d'Adriaen Van de Venne, une « Résurrection du Christ » de Peter Paul Rubens, un Dirck Barendsz (« les Morts sortent de leurs tombeaux »), une brunaille (variante de la grisaille) de Baglione, un Boucher, un Greuze et de belles oeuvres du XIXe avec Daumier, Gustave Moreau, Carpeaux
> D.T.
« Pas la couleur, rien que la nuance ! » Musée des Augustins. 21, rue de Metz. 31000. Toulouse. Tél. : 05 61 22 21 82. Tlj de 10h à 18h (mercredi jusqu'à 21h). Entrée : 6 euros (TR : 4 euros). Jusqu'au 15 juin. À lire : catalogue, 184 p., 35 euros, éd. du Musée des Augustins
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