La grippe a attendu Noël pour prendre un tour épidémique. Mais cette fois, plus de doute possible. Depuis la semaine dernière, la grippe a en effet franchi le seuil épidémique. Les deux réseaux, GROG et Sentinelles Inserm, chargés de surveiller l'évolution de la maladie en France sont formels. En France métropolitaine, 176.000 nouveaux cas de syndromes grippaux (fièvre supérieure à 39°C, d'apparition brutale, accompagnée de myalgies et de signes respiratoires) ont été vus la semaine dernière en médecine générale, rapporte le réseau Sentinelles Inserm. Au sein de ceux-ci, le réseau estime le nombre de consultations attribuables à la grippe stricto sensu à 111 000. Au total, le taux de 280 nouveaux cas pour 100.000 habitants a été observé du 20 au 26 décembre, c’est-à-dire sensiblement au-dessus du seuil épidémique (174 cas pour 100.000 habitants) et bien au-delà des taux constatés lors de la semaine du 12 au 19 décembre (168) et du 6 au 12 décembre (88). «Les virus grippaux provoquent maintenant une épidémie» en France métropolitaine, confirme également le réseau GROG (Groupes régionaux d'observation de la grippe) qui relève que les Infections Respiratoires Aiguës (IRA) sont en hausse et représentent 18% des actes de médecine générale et 26% des actes de pédiatrie.
12 régions au-delà du seuil
C’est surtout la moitié nord du pays qui est la plus touchée. Le réseau Grog pointe notamment l'Ile de France, la Basse et la Haute Normandie ainsi que le Nord Pas-de-Calais. Selon Sentinelles, douze régions de France métropolitaine avaient la semaine dernière dépassé le seuil épidémique: Nord-Pas-de-Calais (405 cas pour 100 000 habitants), Centre (399), Ile-de-France (382), Bretagne (370), Basse-Normandie (266), Franche-Comté (262), Haute-Normandie (261), Limousin (250), Poitou-Charentes (216), Rhône-Alpes (203), Aquitaine (196) et Picardie (194).
Il est encore temps pour vacciner
Evidemment, ce n’est qu’un début. Le réveillon de la St Sylvestre ne sera pas plus calme que celui de Noël. Sentinelles table sur une augmentation des syndrômes grippaux. D’autant que, cette année, les gens ne se sont pas bousculés pour se faire vacciner. Sur les 12,5 millions de personnes invitées par la Sécu à se faire vacciner gratuitement contre la grippe saisonnière seulement 5,5 l’ont fait depuis le lancement de la campagne. Début décembre, on enregistrait ainsi 15% de vaccinations en moins qu'à la même période en 2007 et 2008 !
L’épidémie semble donc bien installée, mais pour l’heure, elle ne semble pas inquiéter plus que ça les réseaux d’observation. Concernant les cas rapportés par l’Inserm la semaine dernière, l’âge médian était de 24 ans et les hommes représentaient 52% des cas. Selon Sentinelles, «les tableaux cliniques rapportés par les médecins Sentinelles ne présentaient pas de signe particulier de gravité,» aucun cas d’hospitalisation n’étant notamment rapporté. L’avis du Grog est plus circonstancié: relevant que l’épidémie est provoquée à la fois par des virus A(H1N1)2009, A(H3N2) et B, le réseau confirme que «leur impact actuel reste modéré même si des formes sévères sont signalées.» Du côté de l’INVS, avant même que l’épidémie soit déclarée, on signalait de la mi-novembre au 22 décembre, 9 cas graves dont deux décès liés à la grippe. Seules deux des neuf personnes n’avaient aucun facteur de risque. Une seule était vaccinée. Raison de plus pour que les retardataires se fassent vacciner. Au Grog, on rappelle que «l’épidémie ne faisant que commencer, les personnes à risque et retardataires peuvent encore se faire vacciner en dernière minute».
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