LES MÉDECINS des hôpitaux universitaires allemands, en grève depuis plusieurs semaines afin d’obtenir des augmentations de salaires, viennent d’annoncer un durcissement de leur mouvement, après l’échec d’une « ultime » séance de négociations avec les Länder (les régions) qui sont leurs employeurs.
Depuis cinq semaines, les médecins de 35 CHU observaient des grèves perlées de quelques heures à quelques jours, mais tous les CHU n’étaient pas concernés au même moment. Les médecins réclament des augmentations de 30 %. Ce montant, qui peut sembler élevé, doit à la fois « rattraper », dans l’esprit des praticiens, le blocage des salaires de ces dernières années, rémunérer les heures supplémentaires non payées et compenser l’augmentation de leur temps de travail et la suppression des primes de Noël et de vacances, décidée il y a quelques mois pour tous les fonctionnaires régionaux. Les régions refusent catégoriquement une telle augmentation, qu’elles jugent irréaliste, et ont proposé cette semaine un maximum de 16 % aux médecins, rejeté par le Marburger Bund, le grand syndicat de médecins hospitaliers.
Cet hiver, les médecins des hôpitaux généraux, qui sont gérés en Allemagne par les municipalités, avaient eux aussi fait grève pour de meilleurs salaires, mais le conflit s’est apaisé grâce à des accords passés avec la plupart des villes.
A la suite de l’échec des dernières négociations, le Marburger Bund a appelé les médecins des CHU à étendre leur grève à tous les actes non urgents, et pas seulement à certains d’entre eux, comme ces derniers temps. De même, tous les CHU devraient cesser le travail en même temps, et non plus « en alternance », pour la semaine au minimum, vendredi étant le jour de la grande manifestation des libéraux à Berlin. Les directeurs d’hôpital crient à la catastrophe : les nombreux reports d’opérations et d’interventions non urgentes de ces dernières semaines pèsent sur les recettes, car les patients, excédés, vont se faire soigner ailleurs dès qu’ils en ont la possibilité, notamment dans les cliniques privées. Chaque nouvelle journée de grève, selon les administrateurs, coûte de 250 000 à 600 000 euros à chaque CHU, et menace sa solvabilité.
Les médecins rejettent ces arguments et estiment au contraire que leur mouvement renforcera la sécurité et la qualité des soins. Ils rappellent que de plus en plus de jeunes médecins quittent l’Allemagne, attirés par les salaires et les conditions de travail des pays voisins, et qu’il est donc urgent de renforcer l’attractivité des hôpitaux allemands pour assurer leur avenir.
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