C'est l'ordonnance du 12 octobre 1945 qui a instauré un service de santé scolaire, qui dépendait alors du ministère de l'Education nationale. Dans les années 1960, les médecins scolaires se sont trouvés sous la tutelle du ministère de la Santé. Depuis 1991, ils sont à nouveau des fonctionnaires de l'Education nationale. « C'est une bonne chose car nous avons besoin de nous sentir intégrés à l'équipe éducative. Et on ressent au moins qu'une vraie politique de santé est définie au niveau national », témoigne Marie-Lucie Gosselin, secrétaire générale du SNMSU (Syndicat national des médecins scolaires et universitaires).
Il y a actuellement 1 300 médecins scolaires titulaires environ, auxquels il faut retirer les 120 médecins conseillers techniques auprès des inspecteurs d'académie et des recteurs (un par inspecteur et un par recteur). Soit 1 100 titulaires, qui sont au contact des enfants. On compte un nombre équivalent de médecins vacataires. Dix-sept postes de médecins devraient être créés parmi les 262 emplois médico-sociaux au budget 2003. Le SNMU a fait le calcul : 6,5 %, le signe pour eux d'un manque de reconnaissance de la contribution des médecins scolaires à la réussite des élèves.
Des besoins loin d'être satisfaits
D'autant que leur rôle au sein de l'équipe éducative devient de plus en plus essentiel. Depuis la circulaire de février 2002, les médecins scolaires assurent un dépistage beaucoup plus approfondi des troubles du langage au cours du bilan réalisé en grande section de maternelle. Cette mission, qui a débuté dans l'académie de Grenoble, est en train de se généraliser dans toute la France. Et puis, outre les textes de lois, la demande des établissements augmente. Les médecins scolaires sont de plus en plus sollicités pour les enfants handicapés intégrés (dans des établissements dits classiques) ou pour ceux qui ont des problèmes de santé (diabète, allergie alimentaire, épilepsie) dans le cadre du projet d'accueil individualisé de novembre 1999. « Les médecins ont le sentiment que leur charge de travail s'accroît et ils n'arrivent pas à y faire face. Ils doivent se poser la question : "Qu'est-ce que je dois laisser ici pour pouvoir faire ça là-bas ?" Ils vivent ça très douloureusement, on peut le dire », déclare Marie-Lucie Gosselin.
Une protection sociale réduite
Un médecin sur deux est employé à la vacation, sans aucune garantie statutaire et avec une protection sociale réduite. « Aucune mesure ne semble être prévue pour résorber la précarité », déplore Marie-Lucie Gosselin. Par ailleurs, la question du transfert de la médecine scolaire aux collectivités locales, qui faisait déjà partie du rapport Mauroy en octobre 2000, inquiète les syndicats. « On entend beaucoup de choses contradictoires. Chaque collectivité pourrait prendre en charge tel ou tel domaine. On a peur qu'en transférant la médecine scolaire aux départements, qui n'ont pas de compétences dans la définition des politiques éducatives, on écarte les personnels de leur mission éducative », explique Marie-Lucie Gosselin. Nous craignons également que la PMI (protection maternelle infantile) s'investisse dans les missions des écoles maternelles de petites sections de façon variable d'un département à un autre. »
Après avoir affirmé qu'il était hostile à une décentralisation de l'Education nationale, le ministre, Luc Ferry, a changé d'avis : il a annoncé que son ministère participerait à l'expérimentation que le gouvernement engagera dès cet automne.
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