LE VITILIGO est l'une des maladies dermatologiques les plus fréquentes, atteignant approximativement 1 % de la population. C'est aussi une maladie difficile à traiter. Les macules de dépigmentation du vitiligo touchent plus volontiers des zones de friction (poignets, genoux, coudes, dos des mains et des doigts) ou périorificiaires. Le traitement conventionnel consiste en une UV thérapie (UVB ou psoralènes plus UVA) et un topique stéroïdien. Les résultats sont souvent peu satisfaisants et le traitement ne peut être poursuivi au-delà de la dose limite cumulée de rayons. La transplantation de mélanocytes autologues représente une option chez les patients ayant un vitiligo stable qui ne répond plus au traitement conventionnel. Parmi les différentes techniques testées et introduites en clinique, la greffe autologue de mélanocytes en suspension présente l'avantage de permettre de traiter des zones cutanées plus larges à partir d'un prélèvement réduit, et la technique de laboratoire est simple.
Une équipe de Gand (Belgique) a réalisé cette première étude en double aveugle contre placebo à l'aide de cette technique.
Un total de 28 participants (hommes et femmes à part égale) présentant un vitiligo généralisé ont été recrutés (âge moyen de 35 ans).
Le traitement a été élaboré au laboratoire à partir de prélèvements cutané de 2 cm2 de peau pris dans la région glutéale. Après avoir été mixées, les cellules cutanées ont été mises en suspension dans un milieu contenant notamment de l'hydrocortisone, des antibiotiques (pénicilline/streptomycine/fungizone) et de l'acide hyaluronique pour accroître la viscosité et obtenir un gel.
Ablation des zones à traiter.
Une ablation épidermique des zones de leucodermie à traiter a été effectuée au laser jusqu'à atteindre la couche papillaire du derme. Les lésions dénudées ont été traitées soit par la suspension des mélanocytes, soit par une préparation placebo sous la forme du milieu de culture sans les cellules.
Trois semaines après, l'irradiation UV ou la PUVA a commencé pour être donnée à raison de deux fois par semaine pendant deux mois.
L'efficacité a été évaluée par la mesure objective de l'aire de repigmentation à l'aide d'un système d'image digitale, trois, six et douze mois après le traitement. Trente-trois lésions de leucodermie ont été traitées par la suspension cellulaire active, tandis que 33 autres lésions symétriques ont reçu le placebo. Pour des raisons esthétiques et scientifiques, les lésions choisies dans cette étude se situent le plus souvent à des endroits relativement difficiles à traiter : articulations des doigts, chevilles et poignets.
Un érythème est survenu sur toutes les lésions testées pendant les deux premières semaines. Les premiers signes de repigmentation ont été décrits trois semaines après la transplantation.
Des taux élevés de repigmentation.
Le résultats montrent, par rapport aux lésions traitées par placebo, une différence significative de repigmentation aux trois étapes d'analyse. A trois, six et douze mois, les taux surfaciques de repigmentation sont de : 84, 88 et 93 %.
Chez tous les patients répondeurs sauf un, on constate un motif de repigmentation diffus au lieu du modèle typique périfolliculaire. Ce qui indique que la repigmentation provient des cellules en suspension transplantées. Les auteurs indiquent aussi que, sur les lésions traitées par placebo, une repigmentation a pu survenir chez un petit nombre de patients. Et qu'elle est attribuable par la séquence : ablation cutanée, UV thérapie et recrutement de médiateurs de l'inflammation. Mais elle reste extrêmement limitée et témoigne de l'efficacité de la transplantation des mélanocytes.
Nanny van Geel et coll. « Archives of Dermatology », 2004 ; 140 : 1203-1208.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature