NÉE Eunice Kathleen Waymon, Nina Simone (1933-2003), avant d’atteindre le rang de star de la chanson afro-américaine – avec ses qualités et surtout ses défauts très personnels sur la fin de sa carrière –, avait mené de front, dans les années 1960, deux combats : celui pour l’égalité des droits des Noirs dans l’Amérique blanche – en particulier pour les femmes – et celui pour s’imposer comme une chanteuse populaire. Militante et artiste engagée, elle devait connaître quelques déboires ; chanteuse, c’est surtout entre 1960 et 1975 qu’elle atteint son apogée et gagne le surnom de « grande prêtresse de la soul » music.
Dix rééditions récentes – trois chez RCA Legacy (Sony/BMG) et sept chez Philips (Verve Originals/Universal) – permettent de redécouvrir les années les plus intéressantes et prolifiques de la chanteuse et pianiste, en petites ou en grandes formations avec des cordes.
« Nina Simone in Concert » (Philips/Verve/Universal) est son premier enregistrement pour la marque hollandaise en 1964, en direct à New York, et comprend le tube qui lança sa carrière, « I Love You, Porgy », et « Mississippi Goddam », une composition originale écrite à la suite de la mort, dans un attentat à la bombe, de quatre enfants noirs dans une église de Birmingham (Alabama), en 1963. Toujours en 1964, paraît « Broadway Blues Ballads » (Philips/Verve/Unisersal), avec une étonnante version de « Don’t Let me be Misunderstood », le grand succès de The Animals.
Le point culminant dans la carrière de Nina Simone reste « I Put a Spell on You » (Philips/Verve/Universal), gravé en 1964-1965, qui comprend les deux tubes qui aujourd’hui encore personnifient toute la carrure vocale de la grande dame : la version sensuelle du succès de Screamin’ Jay Hawkins et, surtout, le fameux, bouleversant et intemporel « Ne me quitte pas », de Jacques Brel.
Deux autres albums verront le jour dans ces années-là chez Philips : « Pastel Blues », avec une reprise du poignant « Strange Fruit », de Billie Holiday, et « Let it All Out », en hommage à Lady Day, et avec une reprise de « Ballad of Hollis Brown », de Bob Dylan.
De son côté, RCA (Sony/BMG) propose trois rééditions dont deux remarquables. D’abord l’indispensable « Nina Simone Sings The Blues », un album original augmenté de deux titres inédits, le premier enregistré pour le label en 1967, montrant à quel point son style était ancré dans le blues et le gospel, et « Forever Young, Gifted & Black », qui est une compilation de titres datant des années 1967-1968 et 1969, écrits au pic de la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis, avec une version alternée de « Turn ! Turn ! Turn ! », une composition de Pete Seeger. Une chanteuse pour l’histoire de l’Amérique noire.
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