REFERENCE
Il y a vingt-cinq ans
Il y a vingt-cinq ans, la recherche avait porté sur des peptides capables de déclencher la « relâche » de la GH alors qu'on n'avait pas encore découvert l'hormone physiologique de relâche, la GH-RH hypothalamique.
Parmi ces substances sécrétagogues de GH (GHS), un hexapeptide particulièrement performant, le GHRP-6, qui n'existait pas dans la nature, fut utilisé pour retrouver le récepteur naturel (GHS Receptor), ce qui fut réalisé par Bowers en 1984. A partir de là, on a su qu'un ligand naturel pour ce récepteur devait exister, c'était la « ghreline », peptide acétylé, isolé de l'estomac par l'équipe japonaise de Kojima (« Nature » 1999 ; 402 : 656-660).
«Croissance » et « relâche »
La ghreline, dont le nom combine la racine « croissance » (GH : Growth Hormone) et « relâche » (Release), est donc une hormone naturelle et originale que l'on a retrouvé ultérieurement dans d'autres organes que l'estomac, en particulier l'intestin grêle, le rein, l'hypothalamus, l'hypophyse et le placenta. Elle agirait sur la GH différemment des deux hormones hypothalamiques classiques que sont l'excitant GH-RH et le frein somatostatine.
Le gène humain de la ghreline est situé sur le chromosome 3 et est fait de 4 exons et de 3 introns. Son poids moléculaire est de 3 315.
Injectée par voie I. V., la ghreline relâche rapidement et fortement la GH, davantage que la GH-RH elle-même, et l'on peut se demander quel est son rôle physiologique tant chez l'enfant en matière de croissance que chez l'adulte. En ce qui concerne le fœtus, on ne peut que constater sa présence dans le placenta à côté de la GH, de la GH-RH et de la somatostatine, toutes hormones de l'axe somatotrope. A noter que la ghreline a également un pouvoir de relâche sur le cortisol, l'ACTH et la prolactine dont les conséquences n'ont pas encore été étudiées.
Régulation des apports énergétiques
Enfin - et c'est ce qui fera probablement beaucoup parler, dans les années à venir, de ce nouveau type d'hormone - il faut noter son action dans la régulation des apports énergétiques, la ghreline ayant un rôle important à jouer dans la prise de poids, action en miroir de celle de la leptine sécrétée par les adipocytes du tissu adipeux. Elle agirait, en effet, sur le cerveau en contrôlant l'appétit et sur certains processus métaboliques liés au poids du corps en augmentant la masse grasse, à l'inverse de ce que fait la leptine.
On a pu démontrer que le taux plasmatique de ghreline était élevé dans le syndrome de Willi-Prader et qu'il y avait dans cette maladie une corrélation nette entre la faim et le taux de ghreline.
On est donc en droit de se poser la question suivante : un taux élevé de ghreline peut-il être une cause de faim et d'obésité ?
A l'inverse, on a pu constater ( Cf. « le Quotidien » n° 7131 du 24 mai 2002) qu'après une anastomose gastro-jéjunale, le taux de ghreline s'effondre et est suivi d'amaigrissement, les patients perdant leur appétit.
La ghreline serait donc le plus grand stimulateur de l'appétit, et on peut rêver sur cette nouvelle hormone dont le contrôle pharmacologique pourrait ouvrir de vastes horizons concernant le traitement des obésités ou des anorexies.
European Society for Paediatric Endocrinology. 4 st Annual Meeting, Madrid.
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