« Peu ragoûtante » pour les uns, « passionnante » pour les autres, la spécialité de gériatrie est promise à un bel avenir, vieillissement de la population oblige.
La toute première promotion d'internes découvre depuis novembre le nouveau DES (diplôme d'études spécialisées) de gériatrie, créé par la réforme du troisième cycle des études médicales.
Les jeunes gériatres en campagne
Mais la profession souffre d'un déficit d'image. Réunie au congrès de la société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG), elle recevait mercredi la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Plusieurs nouveaux internes étaient présents. Manon s'est tournée vers cette filière « par choix », à la grande surprise de ses proches. « Mais sur les 200 postes ouverts cette année, 29 n'ont pas été pourvus, et beaucoup l'ont été par défaut », déplore la jeune fille.
Consciente du problème, l'Association des jeunes gériatres hospitaliers (AJGH) s'est lancée cet été dans une opération séduction pour vanter « une discipline jeune, dynamique, ambitieuse », au-delà « des vieux, des couches, des troubles cognitifs et autres clichés ». « Vous pourriez devenir le Dr House du sujet âgé », suggère la campagne de promotion.
Postes insuffisants face à « l'épidémie de centenaires »
Transversalité, travail en équipe, possibilités infinies de recherche sur le grand âge : les gériatres ne manquent pas d'arguments. « Cardiologie, pneumo, rhumato, oncologie… la gériatrie ça permet vraiment de tout balayer », fait valoir Manon. « Il y a vraiment des spécificités chez les patients âgés – risque d'interactions médicamenteuses dangereuses, complications... Et puis, moi j'adore, elles sont trop drôles et ont plein de choses à nous raconter », souligne la jeune femme.
Reste la méconnaissance du métier, qu'espère pallier le Dr Guillaume Ducher, président de l'AJGH, pour qui la création du nouveau DES est « une bonne chose ». Un avis que ne partage pas le Dr Christophe Trivalle, gériatre. Désormais, les étudiants devront s'orienter d'office vers cette filière spécialisée sans y avoir forcément goûté lors de stages. « Avec la disparition future de la capacité et du DESC, le nombre de gériatres formés va être divisé au moins par deux, de 450 à 200 », s'inquiète-t-il.
Ces 200 postes sont d'ores et déjà insuffisants au regard des 250 places de praticiens hospitaliers à pourvoir chaque année, explique le Pr Olivier Guérin, vice-président de la SFGG, sans parler des maisons de retraite ou du privé. Difficile à ses yeux de comprendre qu'il n'y ait pas de stage obligatoire en gériatrie pour les futurs généralistes. « Les enjeux du vieillissement sont monstrueux, une épidémie de centenaires se profile à l'horizon des années 2050 », assure le Pr Guérin.
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